Attentat de Berlin: un uppercut sévère pour la chancelière Angela Merkel
Epargnée jusqu'à aujourd'hui par les attaques djihadistes d'ampleur, l'Allemagne fait désormais partie des pays occidentaux durement touchés par le terrorisme, qui plus est en son cœur, Berlin.
C'est en tout état de cause une épreuve terrible pour le pays et pour la chancelière Merkel qui, il y a quelques semaines, a annoncé vouloir briguer un quatrième mandat en septembre 2017. Cette décision n'allait pas de soi tant l'image de la dirigeante allemande avait pâti de sa politique d'immigration généreuse.
Merkel veut donner des gages à ses électeurs
Pour asseoir sa candidature, la chancelière s'est fait adouber par son parti début décembre. L'occasion pour elle de sensiblement durcir son discours sur l'immigration, afin de donner des gages à ses électeurs, promettant en particulier qu'une situation comme celle de l'automne 2015, où étaient arrivés près d'un million de demandeurs d'asile, fuyant pour une partie la guerre civile en Syrie, ne se reproduirait plus.
Une façon aussi pour Mme Merkel d'évacuer le souvenir traumatisant des agressions sexuelles dont plus de 1.000 femmes ont été victimes cet hiver-là à Cologne et Hambourg, lors de la nuit de la Saint-Sylvestre. Des faits criminels associés à l'arrivée massive de réfugiés en Allemagne.
Les populistes montent au créneau
L'attentat de Berlin risque de mettre à mal ce nouveau départ et de nuire une nouvelle fois à la figure protectrice et rassurante que représente traditionnellement la chancelière pour ses concitoyens. Angela Merkel va devoir à nouveau démontrer que ses choix ont été les bons, que les réfugiés «s'efforcent de s'intégrer», même si elle a admis le 20 décembre l'idée «odieuse» que cet «acte terroriste» pouvait avoir été commis par «une personne qui a demandé à l'Allemagne protection et asile».
«Ce sont les morts de Merkel», s'est empressé d'ajouter sur Twitter, Marcus Pretzel, un autre dirigeant du parti d'extrême droite.
Mais ces critiques ne se limitent pas à la droite populiste. Le carnage de Berlin a réveillé celles de la branche bavaroise du parti conservateur d'Angela Merkel, la CSU, qui depuis plus d'un an dénonce l'arrivée des réfugiés et réclame, sans résultat jusqu'à présent, qu'un plafond annuel soit fixé sur le nombre de demandeurs d'asile autorisés à entrer en Allemagne.
Pour le ministre de l'Intérieur de Bavière, Joachim Herrmann, l'opinion ne peut accepter «que l'on continue avec une situation où nous avons des risques accrus d'attentats provenant de personnes inspirées par l'islamisme radical».
A ces polémiques, «Mutti», comme on surnommait Mme Merkel quand tout allait bien, a répondu d'avance. «Il faut, a-t-elle dit émue, quelques heures après l'attaque au camion-bélier, trouver la force de vivre la vie que nous voulons en Allemagne: libres, ensemble et ouverts les uns aux autres».
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