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Allemagne: l'AfD se dit «en bonne voie» pour entrer au Buntestag en 2017

Fort de ses succès électoraux, Alternative pour l’Allemagne (AfD) a désormais les yeux tournés vers les législatives de 2017 et... le Bundestag. Avec un score de 11,5% des voix obtenu lors des élections locales à Berlin, ce parti au discours islamophobe est représenté au parlement régional de la capitale allemande et dans dix des seize parlements régionaux du pays.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Affiches électorales de l'AfD dans un quartier de l'ancien Berlin-Est, Marzahn-Hellersdorf, le 19 septembre 2016. (Jörg Carstensen / DPA)

L’AfD tablait sur le vote du 18 septembre 2016 pour s'implanter un peu plus au cœur de la vie politique allemande. Le parti de la droite populiste, qui rejette le qualificatif «d'extrême droite», enchaîne les succès électoraux et ses plus gros scores, supérieurs à 20%, ont été réalisés dans l'ex-RDA communiste. L'AfD enregistre aussi de bons résultats dans des régions plus prospères, comme ses 15% en mars dans le riche Bade-Wurtemberg, ou dans des villes réputées de gauche comme Berlin.

Le scrutin dans la capitale allemande était le dernier avant les trois élections régionales prévues au printemps 2017 – dans la Sarre (27 mars), le Schleswig-Holstein (7 mai) et la Rhénanie-du-Nord-Westphalie (14 mai). L’AfD a une nouvelle fois capitalisé sur les inquiétudes de la population suscitées par l’arrivée de centaines de milliers de réfugiés dans le pays depuis l’été 2015, une stratégie qui a payé.

Trois ans d'existence
Le parti a été fondé en 2013 par Bernd Lucke, un professeur de macroéconomie de l'Université de Hambourg (Nord), ancien membre de la CDU. Dans la foulée, l'AfD échoue à entrer au Parlement fédéral, le Bundestag, mais parvient à envoyer sept élus au Parlement européen en mai 2014 et fait son entrée dans cinq assemblées régionales. Il surfe alors sur le sentiment assez répandu dans l'opinion que les contribuables allemands n'en finissaient plus de payer pour les autres membres de la zone euro et particulièrement ceux du Sud, dont la Grèce.

Une lutte au sein du parti oppose cepedant Bernd Lucke et Frauke Petry, incarnation d'une ligne plus nationale-conservatrice. Le congrès d'Essen, début juillet 2015, donne la victoire à Mme Petry. L'AfD amorce alors son virage vers une droite populiste, encouragé par la décision de Mme Merkel, en septembre 2015, d'ouvrir grand les portes de l'Allemagne aux réfugiés.

L'AfD puise son électorat chez les abstentionistes
Après trois ans d'existence, le parti a changé de visage. Ses adhérents sont notamment des transfuges de la CDU, déçus du recentrage opéré par la chancelière Angela Merkel. Des électeurs d'extrême droite rejoignent aussi le parti. Mais ce sont surtout les abstentionnistes qui, actuellement, grossissent ses rangs. Parmi les électeurs qui s’étaient abstenus aux législatives de 2013, 20% se disent sympathisants de l’AfD, contre 3% en 2015.

L'irruption de la droite populiste dans le parlement régional berlinois a valeur de symbole: métropole cosmopolite, branchée et ouverte sur le monde, la capitale allemande au statut d'Etat-région avait jusqu'ici bien résisté aux courants populistes.


Un score supérieur à 10% pour l'AfD serait «interprété dans le monde entier comme le signe d'une renaissance de l'extrême droite et des nazis en Allemagne», avait mis en garde son maire social-démocrate, Michael Müller, durant la campagne.

Un «résultat fantastique» à Berlin
L'AfD ne s'est pas privé de saluer «un résultat fantastique». «Dans une ville tellement à gauche comme Berlin, notre score supérieur à 10% est un grand succès», a déclaré l'un de ses présidents, Jörg Meuthen. 

Son score enregistré à Berlin n'est pas éloigné des 14% dont le crédite, à l'échelon national, un sondage publié les jours qui ont précédé le vote du 18 septembre. Sauf revirement, l'AfD est bien parti pour faire son entrée à l'automne 2017 à la chambre des députés: une première pour une formation politique de droite populiste dans l'histoire d'après-guerre de l'Allemagne.

L'AfD, que l'influent hebodmadaire der Spiegel appelle les «prédicateurs de la haine», se considère désormais comme «un parti établi» et «en bonne voie» pour entrer au Bundestag, comme l'a déclaré une de ses responsables à Berlin, Beatrix von Storch.

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