Accueil des migrants : Cohn-Bendit dénonce "l'ignominie" de la position de Baroin
La photo d'Aylan, le petit garçon syrien retrouvé mort, échoué sur une plage turque, suscite toujours beaucoup de réactions à travers le monde et relance la question de la politique migratoire en Europe. En France, un élan de solidarité est venu de plusieurs maires. Offrir l'hospitalité aux migrants, c'est par exemple le mot d'ordre d'une dizaine d'élus de Haute-Garonne qui viennent de publier un appel pour dire qu'ils sont prêts à accueillir des réfugiés dans leurs communes.
Mais cette initiative est loin d'être partagée par toutes les communes du territoire et des élus expriment leur réticence à accueillir ces réfugiés dans leurs villes, à commencer par le président de l'Association des maires de France François Baroin (Les Républicains) : "Je ne le ferai pas à Troyes pour la simple et bonne raison que je suis en surcapacité à l'échelle régionale des centres d'accueil des demandeurs d'asile, qui sont aujourd'hui suroccupés depuis des mois et des mois ", a-t-il dit sur I-Télé. "Toutes les villes qui seront à une heure de Paris seront sollicitées, toutes ne sont pas en situation de répondre, toutes ne sont pas en capacité d'accueillir, toutes ne peuvent pas mettre en danger aussi leurs politiques sociales d'accompagnement d'autres démunis (...) On ne peut pas avoir des Calais partout en France ", a développé le maire de Troyes.
"Personne ne veut faire des Calais. C’est pour ça qu’il faut faire des centres d’accueil " (Daniel Cohn-Bendit)
Invité à réagir sur France info, l’ex eurodéputé Daniel Cohn-Bendit dit ne pas comprendre cette réaction, qu'il juge égoïste et ignoble. "Quand monsieur Baroin dit aujourd’hui qu’il n’accueillera pas davantage de réfugiés dans sa ville, il faut lui dire que c’est de l’égoïsme, c’est de l’ignominie. Tout le monde peut participer à l’effort et l’Etat doit payer. Et si ça coûte beaucoup plus cher, l’Europe doit aider. Mes parents ont passé en 1942 des semaines et des semaines à se cacher dans la forêt près de Montauban et il y a des tas de gens qui les ont aidés. Moi j’aurais honte en tant que Français d’entendre que les gens veulent aller en Allemagne plutôt qu’en France, le pays des droits de l’Homme, de la liberté ", s'indigne-t-il.
"Personne ne veut faire des Calais. C’est pour ça qu’il faut faire des centres d’accueil, il faut justement organiser. Calais c’est la désorganisation. On a voulu nous faire croire que si on ne fait rien les gens partiront, on a voulu nous faire croire que si on les laisse mourir dans la Méditerranée ils arrêteront de venir, on a voulu nous faire croire que s’ils n’arrivent pas à passer ils ne viendront pas. Mais ces gens-là n’ont plus de perspective, ils veulent survivre et c’est pour ça qu’ils vont tout tenter. Et nous, on doit organiser l’accueil ", poursuit Daniel Cohn-Bendit.
Après François Hollande et Angela Merkel, le Haut commissariat aux réfugiés appelle à son tour à des quotas obligatoires pour l'accueil des réfugiés dans les différents pays européens. Il demande à l'Union européenne de répartir au moins 200.000 migrants sur son territoire.
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