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WikiLeaks : les ex-ministres François Baroin et Pierre Moscovici espionnés par la NSA

Selon Mediapart et "Libération", les Etats-Unis ont utilisé les moyens non-conventionnels de la NSA pour mettre à mal la concurrence française sur les grands marchés internationaux. 

Article rédigé par franceinfo
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Pierre Moscovici et François Baroin lors de la passation de pouvoir au ministère de l'Economie, à Paris, le 17 mai 2012. ( CHARLES PLATIAU / REUTERS)

Les révélations de WikiLeaks se poursuivent. Deux anciens ministres de l’Economie français, François Baroin et Pierre Moscovici (aujourd’hui commissaire européen), ont été espionnés entre 2004 et 2012 par l'agence de surveillance américaine NSA, selon des documents publiés par Mediapart et Libération, en collaboration avec WikiLeaks, lundi 29 juin.

Les deux médias avaient déjà révélé le 23 juin, toujours en collaboration avec la plateforme WikiLeaks (en anglais), que les trois derniers présidents français, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande, avaient été espionnés par la NSA sur une période allant au moins de 2006 à 2012.

"Toutes les propositions de contrats français à l'export" espionnés 

Selon Mediapart, les Etats-Unis ont utilisé les moyens non-conventionnels de la NSA pour mettre à mal la concurrence française sur les grands marchés internationaux. "Tous les moyens des services secrets américains sont mis à contribution pour espionner les négociations de 'toute proposition de contrats français' à l’export, écrit Mediapart, que ce soit dans les domaines des télécommunications, de l’électricité, du pétrole, du gaz, du nucléaire, mais aussi des énergies renouvelables, des transports, de la santé ou des biotechnologies."  

Libération explique que "cinq rapports de synthèse de l’Agence nationale de sécurité (NSA) montrent que des responsables et diplomates (dont François Baroin et Pierre Moscovici) ont été espionnés entre 2004 et 2012, lors de leur passage à Bercy". Objectif, selon le quotidien : "Recueillir toutes informations pertinentes sur les pratiques commerciales françaises, les relations entre Paris et les institutions financières internationales, l’approche des questions liées au G8 et au G20 ou encore les grands contrats étrangers impliquant la France." 

Aucun nom de société n'est cité 

L'ampleur des révélations ne permet pas de connaître précisément les entreprises qui ont eu un manque à gagner du fait de ces écoutes. "Aucun nom de société n’est cité dans ces documents WikiLeaks", précise Mediapart. Le site avance néanmoins que "ce sont les récits de contrats commerciaux perdus par les entreprises françaises qui prennent un autre sens, notamment ceux portant sur des matériels offshore, des équipements de télécommunications, des centrales à charbon ou à gaz, conçus par des entreprises françaises, qui ont parfois brusquement capoté." 

Moscovici très pessimiste sur l'économie dès 2012

Parmi ces documents WikiLeaks, on trouve notamment une conversation entre Pierre Moscovici et le sénateur PS du Doubs Martial Bourquin, en juillet 2012. Le ministre de l'Economie de l'économie se montrait alors très pessimiste sur l'avenir du pays. "Personne ne prend la mesure de la gravité de la situation économique française et des mesures drastiques vont devoir être prises au cours des deux prochaines années, selon Pierre Moscovici", dit le câble de la NSA.

Interrogé par Mediapart, Pierre Moscovici s’indigne : "Ce type de procédés entre amis partenaires et alliés n'est pas convenable (...) Si j'ai fait l'objet de ces écoutes, je demande des explications précises des services de renseignement américains. Car si c'était le cas, j'en serais extrêmement choqué." Martial Bourquin lui aussi ne cache pas sa colère. "C’est effarant ! Je suis outré, ébahi, pantois, assommé. C’est absolument scandaleux. Dans un Etat de droit, comment imaginer qu’une conversation entre deux hommes politiques soit ainsi écoutée par la NSA !" 

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