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Espagne : les scénarios possibles au lendemain des élections législatives

Aucun parti n'a obtenu la majorité absolue, dimanche. Après des décennies de bipartisme, le pays doit désormais trouver le moyen de composer un gouvernement à quatre.  

Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Des électeurs du Parti populaire devant le siège du PP de Mariano Rajoy, dimanche 20 décembre 2015.  (JOSE JORDAN / AFP)

Une seule certitude en Espagne, lundi 21 décembre : le bipartisme, en vigueur depuis la fin de la dictature franquiste, est révolu. Au lendemain des élections législatives, le pays se réveille sans majorité au Parlement. Aussitôt après l'annonce des résultats, Mariano Rajoy, le Premier ministre espagnol sortant, a annoncé qu'il allait "tenter de former un gouvernement". Problème : si sa formation, le Parti populaire (PP), est arrivée en tête avec 123 sièges, elle a perdu sa majorité absolue, indispensable pour gouverner.

Les socialistes du PSOE obtiennent, eux, 90 sièges, suivis du parti anti-austérité Podemos (69 sièges) et des centristes de Ciudadanos (40 sièges). Comment, dans ces conditions, former une coalition capable d'atteindre les 176 sièges nécessaires pour former un nouvel exécutif ? Francetv info revient sur les scénarios possibles.

Une alliance entre le PP, Ciudadanos et une troisième voix

"Quoi qu'il arrive, [pour former une majorité], il faudra l'accord de plus de trois forces", décrypte El Pais (en espagnol). Dans ces conditions, la droite et le centre droit peuvent-ils s'allier ? Si à elles deux, ces formations obtiennent 163 sièges, leur alliance semble difficile : tout au long de la campagne, Albert Rivera, tête de liste du tout jeune parti Ciudadanos, a martelé qu'il ne soutiendrait pas une investiture de Mariano Rajoy. 

En outre, une coalition entre ces partis ne permettrait pas d'obtenir la majorité absolue au Parlement (176 sièges). Il faudrait donc que le PP obtienne également le soutien d'autres partis, comme les indépendantistes basques, par exemple. Et encore, cela ne garantit pas qu'ils obtiennent assez de sièges pour contrer le "non" que leur opposeront les partis de gauche réunis. De plus, Ciudadanos pourrait ne pas vouloir négocier avec les formations séparatistes : ce parti est justement né en Catalogne pour s'opposer à la montée des indépendantistes.

Une alliance des partis de gauche 

Pour le PSOE, arrivé deuxième dimanche, l'option la plus confortable consisterait à former un gouvernement de gauche. En s'alliant avec le parti anti-austérité Podemos, ils obtiendraient 130 sièges, auxquelles pourraient s'ajouter ceux de la Gauche unie (2 sièges). Là encore, cette alliance aurait besoin d'inclure de petits partis indépendantistes, comme les séparatistes de Catalogne, du Pays basque et des Iles Canaries qui, ensemble, pourraient permettre à un bloc de gauche d'atteindre la majorité absolue.

Problème : le parti de Pablo Iglesias, qui réalise une percée avec 20,6% des voix, a fait part de son refus de soutenir le PSOE. D'ailleurs, qui pourrait prendre la tête de cette coalition de gauche ? Certes, le PSOE de Pedro Sanchez est le premier parti de gauche mais, avec 22% des voix, son parti vient de réaliser le pire score de son histoire, rappelle Le Monde.fr. En revanche, Podemos réalise un score historique, moins de deux ans après sa création. Pas sûr que la question du leadership soit facile à trancher. 

Le PSOE avec les deux jeunes partis 

Pour les socialistes, le meilleur calcul reviendrait à obtenir le soutien des deux jeunes partis qui ont créé la surprise lors de ces législatives : Podemos et Ciudadanos. Mais, si cette alliance, destinée à faire bloc contre le gouvernement de Mariano Rajoy, est la seule qui pourrait donner une majorité confortable au gouvernement, elle semble très improbable, estiment les observateurs de la politique espagnole. Et pour cause, Albert Rivera, leader de Ciudadanos, a d'ores et déjà annoncé, pendant la campagne, qu'il refuserait à une telle coalition. 

Une grande coalition "à l'allemande", de la gauche à la droite

Et si le PP et le PSOE s'alliaient pour gouverner ? Sur le papier, cela fonctionne. Mais en réalité, cette coalition inédite - et perçue comme désespérée, souligne El Mundo (en espagnol) -, semble également peu envisageable. "Les différences entre les programmes des deux partis sont trop importantes pour sceller un pacte aussi étroit", analyse le quotidien. Enfin, il rappelle que les sondages menés pendant la campagne indiquaient que les Espagnols étaient défavorables à une telle entente. A noter, par ailleurs, que ces deux formations ont exclu cette option. 

Un gouvernement investi avec une majorité simple 

En l'absence de majorité absolue, il est possible pour un gouvernement d'être investi avec une majorité simple. Celle-ci devrait alors négocier pied à pied chacune de ses réformes pour gouverner. Or, un gouvernement minoritaire PP est techniquement possible, mais improbable. 

De nouvelles élections 

La constitution espagnole ne fixe pas de date butoir pour la formation d'un nouveau gouvernement. Après ce premier vote d'investiture, le Parlement disposera de deux mois pour investir ce gouvernement, faute de quoi il faudra convoquer de nouvelles élections. Selon les observateurs, les négociations pourraient donc prendre de longues semaines.  

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