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Espagne: Rajoy fait bon accueil aux conditions de Ciudadanos pour son soutien

Le conservateur Mariano Rajoy, Premier ministre par intérim depuis 8 mois, faute d'une majorité pour former un gouvernement après deux scrutins législatifs successifs, accepte d'examiner les conditions des centristes pour leur soutien. Six conditions intangibles sans lesquelles le parti d'Albert Rivera, 36 ans, n'accordera pas sa confiance à M. Rajoy pour composer une nouvelle équipe ministérielle
Article rédigé par Véronique le Jeune
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Mariano Rajoy (PP, droite), Premier ministre par intérim depuis 8 mois, rencontre le jeune dirigeant libéral de Ciudadanos, Albert Rivera, le 10 août 2016, en vue d'un possible rapprochement. (GERARD JULIEN / AFP)

De l'avis général en Espagne, l'intérim au sommet de l'Etat a assez duré. Plus de huit mois que le royaume n'a pas de gouvernement, l'équipe actuelle se contentant d'expédier les affaires courantes. Dans ces conditions, personne n'aurait compris que M. Rajoy, Premier ministre sortant et Premier ministre par intérim, refuse d'étudier les propositions des libéraux-centristes de Ciudadanos (en français «Citoyens») pour débloquer la situation.

Ainsi le 10 août 2016, après une rencontre avec leur chef de file Albert Rivera, Mariano Rajoy a promis que le comité exécutif de son parti, le Parti populaire (PP, droite), votera le 17 août 2016 pour ou contre le plan de réformes imposé par les libéraux comme condition à la formation d'un nouveau gouvernement.

«Si le Parti populaire accepte ces conditions, nous entamerons les négociations» sur le programme à venir, a aussitôt déclaré de son côté M. Rivera, laissant entendre que Rajoy pourrait composer son équipe avant septembre.

Ainsi, l'Espagne échapperait à un troisième scrutin législatif, lequel, selon un sondage du Centro de Investigaciones Sociologicas publié le 8 août, ne serait d'aucune utilité pour sortir de l'impasse.

Rivera appelle à un grand ménage dans les rangs du PP
De quoi s'agit-il ? Albert Rivera, sentant, bien que très minoritaire, qu'il avait une carte à jouer, a surpris son monde le 9 août en convoquant une conférence de presse et en faisant part des exigences de son parti pour accorder sa confiance au conservateur Rajoy.

En l'occurence, six conditions «minimales» destinées à faire un grand ménage au Parti populaire et à assainir la vie politique en général.

Sans détour, Ciudadanos exige le retrait de leur mandat à tous les élus du PP mis en examen pour corruption politique, la création d'une commission d'enquête parlementaire sur le financement illégal présumé du parti conservateur, la fin des grâces pour les condamnés pour corruption ou encore la révision des immunités dont bénéficient un très grand nombre d'élus nationaux et régionaux. 

Le parti libéral de centre-droit, antinationaliste, réclame aussi une réforme de la loi électorale qui actuellement désavantage les petits partis ainsi que la limitation à deux du nombre de mandats pour le chef de gouvernement.

Peu d'élus mais une force de persuasion
La droite, mise au pied du mur malgré 30% des suffrages obtenus au scrutin de juin 2016, a donc une semaine pour se prononcer sur ce «processus de régénération démocratique et de lutte contre la corruption», appelé de ses voeux par Albert Rivera.

Si le oui l'emportait le 17 août, ce serait une grande victoire pour le Petit Poucet de l'échiquier politique espagnol (13% des voix en juin et 32 sièges au Parlement). Et même si Ciudadanos ne possède pas assez d'élus pour permettre au PP d'obtenir une majorité parlementaire (il manquerait alors 7 voix), il encouragerait le soutien d'autres partis et gagnerait ses galons d'interlocuteur politique incontournable.

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