Surmortalité des abeilles : les apiculteurs interpellent les députés
Cela fait 20 ans que les apiculteurs alertent en Europe, et plus particulièrement en France sur les néonicotinoïdes. Ils ont donc décidé d'interpeller les députés à l'Assemblée nationale ce mardi, après la tribune de Nicolas Hulot publiée dans le journal Le Monde. D'après eux, plusieurs études scientifiques montrent aujourd’hui que ces pesticides peuvent désorienter les abeilles en jouant sur leur système nerveux, elles ne retrouvent donc plus le chemin de la ruche.
Totale solidarité avec cette juste mobilisation des apiculteurs contre les neonicotinoides cc @ECOLOdep https://t.co/bFqMpA3lTb
— Denis_Baupin (@Denis_Baupin) March 15, 2016
Dans certaines régions, la mortalité des ruches a grimpé jusqu’à 80 %, pile au moment où ces substances sont arrivées sur le marché. Pour Dominique Séna, apiculteur en Île-de-France, ce n’est pas un hasard. Il a perdu 35 % de ses abeilles au printemps dernier : "Lorsque vous arrivez avec du matériel tout neuf pour entamer votre visite de printemps, au lieu de développer votre cheptel, vous remballez votre matériel et vous ramassez tout ce qui est mort, tout ce qui est "non-valeur", c'est-à-dire les minuscules abeilles très faibles."
"Ces pesticides sont 5 à 7.000 fois plus toxiques que le DDT, interdit il y a quelques années"
— Stephen Kerkov, membre de l'association "agir pour l’environnement"
Des témoignages édifiants comme celui de Dominique Séna se sont succédé devant l’Assemblée, même si les apiculteurs n’étaient pas très nombreux, à peine une vingtaine. Ils ont toutefois été soutenus par de nombreuses associations écologistes telles que la fondation Nicolas Hulot, WWF ou encore Greenpeace. Pour Stephen Kerkov, membre de l'association "agir pour l’environnement", les néonicotinoïdes ne sont pas seulement un problème pour les abeilles aujourd’hui. "Ces pesticides sont 5 à 7.000 fois plus toxiques que le DDT, qui a été interdit il y a quelques années, on sait que cela a un impact et une rémanence, cela veut dire que ça reste dans le sol pendant des années. Ces effets colatéraux impactent la biodiversité".
Manifestation d'apiculteurs près de l'assemblée nationale pour demander interdiction #neonicotinoides pic.twitter.com/IrcfuN6Uik
— Barral Anne-Laure (@missplanete) March 15, 2016
Les militants ont brandi une banderole sur laquelle il était écrit "un monde sans néonicotinoïdes est possible, un monde sans abeille non" . Une façon d’insister sur le fait que nous avons besoin des abeilles et des pollinisateurs en particulier. En apportant le pollen d’une fleur à l’autre, les abeilles, les papillons permettent de féconder les fleurs et de donner des fruits ou des légumes. Sans eux, il n'y aura, à terme, plus d'aubergines ou encore de mures. Grâce aux pollinisateurs, un tiers de notre alimentation est produite. Un service rendu gratuitement par ces insectes, chiffré à 153 milliards d’euros par l'Inra.
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La loi biodiversité, de retour à l'Assemblée nationale
La loi biodiversité revient en ce moment sur le tapis à l’Assemblée nationale. Plusieurs députés comme Gérard Bapt, ou encore Delphine Batho ont déposé un amendement pour réclamer l’interdiction de cette famille de pesticides. Elle l’était dans la première version du texte mais les sénateurs l’ont retirée. Les députés retentent donc leur chance et parmi eux, Laurence Abeille, députée écologiste qui reconnait que le vote par les députés de cette interdiction ne sera pas facile.
"Tout le monde est concerné par ce sujet"
— Laurence Abeille, députée écologiste
"Je ne trouve pas ça courageux mais responsable. Pour certains, ce sera certainement plus compliqué. Les lobbies de l'agrochimie sont très puissants , affirme-t-elle. Ils sont certainement en train de déployer tous les arguments possibles et inimaginables pour nous dire que pour le moment, on n'est pas prêt. Cela fait des années, et pour ce type de produit, c'est toujours la même chose, on n'est jamais prêt. Je pense qu'aujourd'hui, on a l'opportunité de le faire, cela serait vraiment un geste emblématique, pour les abeilles bien sûr, mais aussi pour le monde de l'agriculture en général et pour notre santé. Tout le monde est concerné par ce sujet" , explique-t-elle.
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