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Incendies en Europe : "On rentre dans un autre monde, c'est maintenant qu'il faut agir"

"Si rien n'est fait pour lutter contre le réchauffement climatique [...] on pourrait passer jusqu'à 150 000 morts" en Europe, avertit mardi le climatologue, Jean Jouzel, sur franceinfo.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Karbole en Suède en proie aux flammes, le 15 juillet 2018. (MATS ANDERSSON / TT NEWS AGENCY)

Alors qu'une partie de l'Europe est en proie aux incendies, le climatologue, Jean Jouzel, a appelé mardi 24 juillet sur franceinfo à agir "maintenant". La Suède connaît une canicule comme jamais depuis 250 ans. 25 000 hectares sont déjà partis en fumée. En Grèce, les incendies ont fait déjà au moins 60 morts. "Ces feux de forêts risquent de devenir plus importants autour de la Méditerranée et d'affecter l'ensemble de l'Europe", a expliqué le vice-président du Giec qui tient à souligner que "si rien n'est fait pour lutter contre le réchauffement climatique, on pourrait avoir des températures record en France qui atteignent 50 degrés". Selon lui, en Europe, "on pourrait passer jusqu'à 150 000 morts liés au réchauffement climatique".

franceinfo : Est-ce que les incendies sont liés au changement climatique ?

Jean Jouzel : Ces feux de forêts risquent de devenir plus importants autour de la Méditerranée et d'affecter l'ensemble de l'Europe, y compris la France ou des régions comme la Scandinavie. On a une situation qui va se reproduire d'été en été. [En Scandinavie], jusqu'à 35 degrés, c'est du jamais vu depuis 200 ans. Cela se traduit dans ces régions par des incendies de forêts. Il y a eu à la fois une conjonction de températures très chaudes pour la région et une période de sécheresse qui risque de se poursuivre jusqu'à la fin du mois. Ces incendies sont pratiquement immaîtrisables en Scandinavie et en Suède en particulier.

Selon vous, en France, il fera encore de plus en plus chaud. On pourrait dépasser les 50 degrés ?

Même à échéance d'une dizaine d'années, les températures record, qui sont actuellement de 42 ou 43 degrés en France, risquent d'augmenter de deux à trois degrés. Dans la deuxième partie de ce siècle, si rien n'est fait pour lutter contre le réchauffement climatique, on pourrait avoir des températures record en France qui atteignent 50 degrés sur une large partie de la France, à l'Est en particulier. Ce qui se passe, nous l'envisagions il y a une trentaine d'années. Ce que l'on dit n'est pas vraiment pris au sérieux quand on regarde la façon dont la lutte contre le réchauffement climatique au niveau planétaire s'organise. Même si l'accord de Paris est un succès, on voit bien que sa mise en œuvre est en grande difficulté pour le moment. Son succès tenait au fait de son universalité. Tous les pays l'avaient signé. Le retrait des États-Unis en affaiblit la portée. Mais des pays comme la Russie n'ont toujours pas ratifié l'accord de Paris. Donc on voit bien qu'il y a un risque d'effet d'entraînement même si l'Europe, la Chine, et beaucoup d'autres pays restent dans l'accord de Paris. L'accord de Paris reste là, mais il faut en accroître l'ambition.

Est-ce que vous êtes encore optimiste sur la mise en œuvre de mesures pour lutter contre le réchauffement climatique ?

Actuellement, même en étant optimiste, nous sommes plus sur une trajectoire de réchauffement de 3 à 3,5 degrés d'ici la fin du siècle. Si on prend l'Europe, dans ce contexte de réchauffement, le nombre de décès liés aux catastrophes climatiques serait multiplié par 50. On pourrait passer jusqu'à 150 000 morts en Europe liés au réchauffement climatique et en particuliers aux canicules. On rentre dans un autre monde, c'est maintenant qu'il faut agir.

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