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Reportage Recyclage : ces solutions locales pour inciter à la consigne des bouteilles en plastique en s'inspirant de la filière du verre

La secrétaire d'état à l'Écologie réunit ce lundi 30 janvier des acteurs du secteur économiques pour lancer une concertation sur les consignes des bouteilles en plastique. En France, le taux de récupération des bouteilles en plastique est insuffisant au contraire des bouteilles en verre.
Article rédigé par Etienne Monin
Radio France
Publié
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Aujourd'hui, le groupe Lemon Tri propose des machines qui reversent une gratification en échange d'une bouteille en plastique. La consigne n'est pas encore d'actualité. (CHRISTOPHE MORIN / MAXPPP)

L'idée avait été rejetée par les élus locaux lors de l'examen de la loi anti-gaspillage : créer une consigne sur les bouteilles en plastique. En France, un nombre insuffisant de bouteilles en plastique est aujourd'hui recyclé. Ce lundi 30 janvier, Bérangère Couillard, la secrétaire d'État à l'Écologie, réunit des acteurs économiques pour lancer une concertation sur les consignes des bouteilles en plastique.

Augustin Jaclin est à la tête d'une entreprise qui propose déjà des machines pour récupérer des bouteilles en plastique. Le cofondateur de Lemon Tri a installé 400 machines à travers la France, principalement dans les grands centres urbains comme Lille, Paris, Lyon ou Marseille. "C'est là où les taux de tri sont les plus faibles moins de 20 % de taux de tri dans les grandes villes", explique le chef d'entreprise.

Objectif : 50 % des emballages plastiques recyclés en 2025 

Les machines de Lemon Tri servent essentiellement à récupérer les bouteilles des entreprises, des cafétérias et des centres sportifs. Mais le système n'est pas encore basé sur la consigne. "Ce sont des systèmes de gratification, explique Augustin Jaclin. On va offrir un ou deux centimes à chaque personne qui dépose une bouteille dans notre machine."

Pour Augustin Jaclin, la récupération des bouteilles avance trop lentement. Pour lui, la consigne permettrait à la France de rattraper son retard. "Tous les pays qui ont plus de 90 % de taux de collecte sans exception sont équipés de systèmes de consigne", fait-il remarquer.

"On dit qu'il y a urgence. Il faut qu'on passe par là."

Augustin Jaclin, le co-fondateur de Lemon Tri

à franceinfo

L’Union européenne a fixé des objectifs en matière de collecte. Au plus tard le 31 décembre 2025, un minimum de 65 % en poids de tous les déchets d’emballages devront être recyclés, 50 % rien que pour le plastique. La trajectoire de la France est en dessous. La loi impose au gouvernement de trouver une solution d’ici l’été. En France, si la consigne des bouteilles en plastique n'est pas encore d'actualité, pour le verre, c'est une réussite dans certaines régions.

La consigne, une réussite pour le recyclage du verre

Le magasin "O Bocal" à Nantes est spécialisé dans le vrac. Près de la caisse, à côté de Joana, la gérante, on voit six casiers noirs qui servent à récupérer les bouteilles consignées. "Vous vous servez votre jus de pomme, votre bière, votre bouteille de vin directement dans les rayons, explique la gérante. Il y a un petit surplus de 0,20 € qui s'ajoute en caisse automatiquement. Après, quand vous ramenez la consigne, vous recevrez des pièces directement. Si vous faites vos courses, ça va se déduire de votre montant des courses du jour..." Les bouteilles rapportées sont transportées ensuite à 30 minutes de la boutique pour être lavées, puis réutilisées.

Le système fonctionne pour les brasseries, les producteurs de cidre et les vignerons. Le réemploi est intéressant économiquement pour les entreprises : "On se bat pour avoir des bouteilles, pas tellement pour avoir des prix", note Benoit Landron, producteur de vin bio entre Nantes et Angers. Ce viticulteur utilise 200 000 bouteilles par an et, aujourd'hui, il affirme que le prix des bouteilles neuves a grimpé de "près de 40 % depuis la guerre en Ukraine".

Benoit Landron est donc entré dans la filière du réemploi, car le neuf se fait plus rare. "Les prix ont tranquillement monté. Et puis là, depuis trois ou quatre ans, on sent que l'étau se resserre", confie-t-il.

"Il y a une vraie tension sur le verre. C'est assez compliqué d'avoir des bouteilles neuves à l'heure actuelle."

Benoît Landron, viticulteur

à franceinfo

Dans la région nantaise, l'association "Bout à bout" a lancé la filière de la consigne pour les bouteilles en verre. Cette association est devenue aujourd'hui une entreprise. "On travaille au quotidien pour recréer du lien entre les producteurs de boissons, les magasins ou les points de distribution de boissons et le fait de repouvoir utiliser les bouteilles en verre, explique le directeur de la société Yann Priou. On reconstruit une filière, on retire un lien. On a standardisé le format des bouteilles, de façon à ce qu'il puisse y avoir une logique et des économies d'échelle. C'est aussi plus facile aussi pour les consommateurs." Une bouteille en verre peut être réutilisée entre 20 et 50 fois. L'entreprise "Bout à bout" va investir dans une nouvelle usine de lavage pour renforcer ses capacités.

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