Cet article date de plus d'un an.

Reportage En Saône-et-Loire, un premier bateau à hydrogène pour naviguer proprement... ou presque

À Digoin, en Saône-et-Loire, le premier loueur et constructeur de bateaux fluviaux en France propose désormais de naviguer sur un bateau fonctionnant à l'hydrogène. Reportage à bord du "William Grove".
Article rédigé par franceinfo - Camille Laurent
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Alfred Carignant, le patron des Canalous, l'entreprise de location de bateaux basée à Digoin (Saône-et-Loire) à bord du "William Grove" (CAMILLE LAURENT / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Naviguer sur les canaux de Bourgogne à bord d'un bateau à hydrogène, c'est le pari risqué relevé par les Canalous, premier loueur et constructeur de bateaux fluviaux en France. Ils proposent de tester le premier bateau à moteur électrique fonctionnant à l'hydrogène, le William Grove. Sur la coque, est inscrit "H2", le symbole de l'hydrogène. Laëtitia et Pascal le louent pour une journée, "pour une réunion de famille"

>> Transition énergétique : l'hydrogène peut-il réellement devenir l'énergie du futur ?

Alfred Carignant, le patron des Canalous, l'entreprise de location de bateaux basée à Digoin, fait la démonstration. "On n'entend rien, absolument rien. Et si je mets les gaz, on entend très légèrement un sifflement. C'est l'hélice, mais c'est totalement silencieux. Vraiment, on glisse sur l'eau."

Pas encore de retour sur investissement 

La famille s'émerveille des atouts de l'hydrogène. "Ça ne pollue pas. Et c'est silencieux. On va pouvoir entendre la nature, les petits oiseaux", se réjouit Laetitia. Le pique-nique est dans la glacière, les casquettes sur les têtes. C'est une belle journée de navigation en perspective sur le canal latéral à la Loire. Car contrairement à un bateau électrique classique, l'hydrogène permet de recharger les batteries et offre jusqu'à 16 heures d'autonomie.

"On a réussi le pari. Mais on avait un peu sous-estimé un aspect : comment faire pour ravitailler le bateau en hydrogène", reconnaît cependant Alfred Carignant. Cet hydrogène est vert car il est produit grâce à des énergies renouvelables, mais il provient... de Vendée, à plus de 500 kilomètres de là, parcourus en camion. "Le retour sur investissement sur des projets comme ça, on n'est pas du tout dedans. Le surcoût d'équipement du bateau est élevé et le coût d'achat de l'hydrogène est très élevé aussi", avoue le gérant des Canalous.

L'hydrogène, une "attente sociétale"

En effet, en France, l'hydrogène est balbutiant, il y a encore peu de lieux de production, explique Philippe Cauneau. Il est ingénieur transport à l'Ademe, l'agence de la transition écologique, qui prépare d'ailleurs un rapport sur les avantages et inconvénients de l'hydrogène pour la navigation à paraître en 2024. "L'hydrogène c'est une des solutions, c'est l'absence d'émission à l'échappement. Vous aurez zéro fumée. Mais elle pose encore des problèmes de logistique, d'avitaillement, souligne l'expert. On va être aussi impactant que si on avait utilisé du carburant gazole. Donc il y a des enjeux économiques, il y a des enjeux d'avitaillement. Par contre, clairement, on voit qu'il y a une attente sociétale aujourd'hui. Ce bateau est un bon préalable pour faire connaître le vecteur hydrogène, pour se l'approprier. En cela, déjà, ce projet est très satisfaisant."

Pour surmonter ces obstacles, les Canalous envisagent donc de produire leur propre hydrogène sur place, à Digoin.

En Saône-et-Loire, le premier bateau à hydrogène fluviale : "Vraiment, on glisse sur l'eau" - Rportage de Camille Laurent

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.