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Pollution : pourquoi les "scrubbers", ces filtres des paquebots de croisière, sont-ils dans le viseur des défenseurs de l'environnement à Marseille ?

La municipalité et plusieurs associations demandent l'interdiction de ces filtres qui diminuent les fumées d'échappement des moteurs. Ils dénoncent le transfert de la pollution dans la mer.
Article rédigé par Hugo Charpentier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un navire de croisière dans le port de Marseille (photo d'illustration). (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT,- / AFP)

Une réunion publique est convoquée mardi 14 mars au soir à Marseille. La municipalité et plusieurs associations ont dans le viseur les paquebots de croisière qui utilisent des "scrubbers", ces filtres qui diminuent les fumées d’échappement du moteur. Ils réclament leur interdiction, car, selon eux, si ces filtres diminuent certes la pollution atmosphérique, ils sont un désastre pour la biodiversité marine. 

>> Pollution : la chasse aux paquebots géants est ouverte dans le port de Marseille

"C'est un dispositif qui a été inventé par les armateurs pour faire face à l’évolution de la réglementation et leur permettre toujours d’utiliser le même carburant, le fioul lourd, c’est-à-dire le pire qu’il y a sur le marché actuellement, à moindres coûts, plutôt que de changer, dénonce Rémi, membre du collectif Stop Croisières. Les conséquences, c’est des métaux lourds et de l’oxyde de soufre directement rejetés dans la mer, ce qui a des impacts sur la biodiversité marine, sur l’acidification des océans et donc sur le réchauffement climatique. C’est globalement une attaque à l’environnement acceptée de tous, à l’heure actuelle." 

"Le principe des "scrubbers",c’est vraiment le transfert d’une partie de la pollution de l’air vers la mer."

Rémi, membre du collectif Stop Croisières

à franceinfo

La France a interdit depuis l'an dernier les rejets dans les eaux littorales et les zones portuaires. Mais ce n'est pas toujours respecté, d'après le militant écologiste. "Il n’y a pas de contrôles ! Cette réglementation ne s’applique que dans les zones portuaires et littorales et la biodiversité ne s’arrête pas aux frontières d’un port", accuse-t-il.

Des plaintes déposées

La mairie de Marseille affirme soutenir les associations. L’an dernier, elle avait lancé une pétition "contre la pollution maritime" qui a recueilli 53 000 signatures en ligne. L’élu écologiste, Hervé Menchon, en charge du littoral, demande à l'État plus de fermeté, autant qu'avec les automobilistes, par exemple. "Il y a une forme d’aberration à demander aux citoyens de moins polluer, d’être responsables, de ne pas utiliser les véhicules les plus polluants quand ils circulent dans les rues et passent à côté des navires, très polluants. Il faut être cohérent et appliquer aux gros navires les mêmes solutions que celles qu’on impose aux habitants de la ville de Marseille", assure-t-il. 

Pour la première fois, associations et riverains ont saisi la justice le mois dernier. Plusieurs plaintes ont été déposées dans l'espoir de provoquer un électrochoc. "Cette pollution liée aux bateaux de croisière a été dénoncée à plusieurs reprises, insiste Maître Isabelle Vergnoux, avocate des plaignants. Rien n’a été fait, rien ne bouge. Les plaintes et la médiatisation des plaintes, c’est pour provoquer une prise de conscience des pouvoirs publics, mais aussi de la population et que la législation change". Les plaintes ont été transmises au parquet de Marseille. Des plaintes contre X pour notamment mise en danger de la vie d’autrui, écocide et pollution marine.

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