Betterave sucrière : la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes adoptée par le Parlement
Après l'Assemblée nationale, le Sénat, à majorité de droite, a voté le projet de loi par 183 voix contre 130.
Le Parlement a autorisé, mercredi 4 novembre, via un ultime vote des sénateurs, le retour temporaire des néonicotinoïdes, insecticides nocifs pour les abeilles, pour "sauver" la filière betterave. Après l'Assemblée nationale, le Sénat, à majorité de droite, a voté le projet de loi par 183 voix contre 130. Ce vote vaut adoption définitive de ce texte, dénoncé à gauche comme un "recul environnemental".
Le projet de loi autorise, à titre dérogatoire, les producteurs de betteraves à sucre à utiliser jusqu'en 2023 des semences traitées avec des pesticides de la famille des néonicotinoïdes, interdits depuis 2018.
Pour la filière, qui représente près de 46 000 emplois, il y a urgence : les dérogations devraient en effet être effectives au plus tard en décembre, pour laisser le temps aux industriels de produire les semences nécessaires aux semis de mars. En cause, un puceron vert qui transmet à la betterave la jaunisse, une maladie qui affaiblit la plante, conduisant à une perte importante de rendement.
"Une défaite sanitaire et environnementale", selon le PS
Le ministre de l'Agriculture, Julien Denormandie, a reconnu à plusieurs reprises qu'il s'agissait d'un texte "difficile", pour défendre la "souveraineté alimentaire" française face à une "situation exceptionnelle". Il a rappelé "l'engagement résolu" de la France en faveur de "la transition agro-écologique". "Nous sommes tous ici favorables à l'arrêt des néonicotinoïdes", a-t-il martelé.
La gauche reproche au gouvernement de "ne pas respecter" le Parlement en revenant sur le vote de 2016 qui avait interdit ce type de pesticides à partir de 2018. Le sénateur écologiste Joël Labbé a dit sa conviction que "même dans une situation d'urgence, des alternatives étaient possibles", défendant un changement du "modèle agricole", basé sur "l'agriculture paysanne". "Ce projet de loi est une défaite magistrale, c'est une défaite sanitaire et environnementale", a fustigé la socialiste Angèle Préville.
Au Palais Bourbon, l'"insoumise" Mathilde Panot a promis un "signalement" devant la Cour de justice de la République pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".
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