Des enfants parfois très jeunes, avec des pulvérisateurs sur le dos. Lors de son enquête en Côte d'Ivoire, le journaliste Paul Moreira en a croisé beaucoup sur le chemin des plantations de cacao. L'industrie du chocolat s'est engagée en 2001 à lutter contre le travail des enfants, et la Côte d'Ivoire a fourni de réels efforts, sans réussir à endiguer ce fléau. Un fléau qui s'accompagne d'une catastrophe écologique.Un herbicide probablement cancérogèneQuel est ce produit que les enfants pulvérisent ? Les ouvriers l'appellent "Tête rouge", à cause de la couleur du bouchon. Il est vendu partout en lisière de la forêt. Le nom de l'herbicide ne figure pas sur la bouteille. C'est en poussant plus loin dans la forêt tropicale, décimée au profit de la culture du cacao, que l'équipe a pu en savoir plus. Avant de planter les cacaoyers, les ouvriers, y compris les enfants, désherbent avec du glyphosate. Un herbicide cancérogène probable selon l'Organisation mondiale de la santé, et extrêmement agressif pour la végétation.Comment meurt la forêt tropicaleLes ouvriers sont-ils informés des dangers potentiels de ce produit ? "Que c'est dangereux, que ça peut tuer, on ne nous a jamais dit ça", affirme l'un d'eux. Sur la bouteille, un pictogramme avertit qu'il faut porter des protections pour manipuler le produit, mais ici, personne n'en a. "On sait qu'il faut se protéger avant de pomper, mais comme on n'a pas de protections, on est obligés de pomper comme ça", explique le même ouvrier.C'est ainsi que le cacao avance... et que la forêt meurt. Si les arbres sont tout blancs ici, c'est qu'ils ont été incendiés pour faire de la place pour le cacao.Extrait de "Cacao, les enfants pris au piège", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 10 janvier 2019.