: Reportage "Ce n'est pas possible de se faire mépriser à ce point" : après Sainte-Soline, un nouveau chantier mobilise les opposants aux bassines dans les Deux-Sèvres
Neuf opposants aux bassines comparaissent devant le tribunal judiciaire de Niort, vendredi 8 septembre. La plupart d'entre eux sont poursuivis pour avoir organisé la manifestation de Sainte-Soline en mars 2023. Une mobilisation marquée par de violents affrontements avec les gendarmes. Mais malgré l’opposition aux bassines, plusieurs projets avancent dans les Deux-Sèvres : le chantier d'une troisième réserve d'eau vient ainsi tout juste d’être lancé à Priaires, à une vingtaine de km au sud de Niort.
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Quand ils apprennent, il y a une quinzaine de jours, que les travaux viennent de démarrer, les opposants, qui viennent de terminer un très médiatique "convoi de l'eau" à vélo, ont le sentiment qu’on agite un chiffon rouge : "C'est un crachat face à un mouvement qui est venu demander un moratoire. Ce n'est pas possible de se faire mépriser à ce point. Ils avancent à marche forcée", dénonce Jean-Jacques Guillet, opposant historique de l'organisation "Bassines non merci".
Depuis, le gigantesque trou a pris forme sur le côté gauche du village devant un champ d’éoliennes. On compte quatre pelleteuses derrière le grillage de protection. Jean-Jacques Guillet pense qu’il a une volonté d’avancer au pas de charge : "Ils avancent évidemment à marche forcée parce qu'ils sentent que l'opinion publique, que la population, voit bien que la situation climatique ne s'améliore pas. Donc, là, ils cherchent à forcer le trait. C'est un moyen de faire croire que ça y est, ça va arriver, c'est un moyen de gagner du temps."
Tension avec les agriculteurs
Cette réserve est la plus petite des 16 programmées dans la région. Elle doit alimenter trois exploitations qui font de l’élevage et produisent des céréales. La tension est palpable, mais pas question pour autant de freiner le chantier, souhaite Alix Bouchery depuis sa moissonneuse-batteuse. C’est l’un des agriculteurs engagé dans ce stockage de l’eau :"C'est pesant pour tout le monde, parce qu'on peut être opposé à tout projet, c'est normal, on ne peut pas être d'accord sur tout, mais de vivre dans un contexte où il y a des appels à détruire, c'est assez compliqué. On fait avec, mais c'est assez dur à encaisser."
Certains habitants s’attendent aussi à des tensions dans leur village. Priaires fait maintenant partie du "triangle des bassines". Kathleen, qui habite ici depuis trois ans, a le désagréable sentiment d’avoir été entraînée, malgré elle, dans l’épicentre du combat contre les retenues d’eau : "C'est anxiogène. On appréhende de prochaines manifestations, parce qu'on a choisi le calme, donc tout l'inverse de ce qu'on est en train de vivre. On a hâte que ce soit fini."
La réserve d'eau de Priaires est prévue pour irriguer l’été prochain. Dans les Deux-Sèvres, une seule installation est en fonctionnement actuellement.
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