Logement : deux associations plaident pour une "densification douce" sans "bétonner des centaines de milliers d'hectares"

Il est possible de limiter l'artificialisation des sols, estiment la Fondation Abbé Pierre et la Fondation pour la nature et l'homme.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un terrain agricole est transformé pour accueillir un nouveau lotissement dans une commune du Poitou, le 5 décembre 2023 (JEAN-FRANCOIS FORT / HANS LUCAS)

"Il faut cette densification douce", prône mardi 19 mars sur France Inter le directeur des études de la Fondation Abbé Pierre (FAP), Manuel Domergue, qui a produit un rapport avec la Fondation pour la nature et l'homme. Selon ces deux ONG, il est possible de limiter l'artificialisation des sols, due pour près des deux tiers à la construction de logements, et de réduire l'étalement urbain tout en résorbant le mal-logement. "Si on veut qu'il y ait plus de personnes qui aient un logement sans aller bétonner à la périphérie des villes, ça veut dire qu'il faut un peu plus de densité", explique le directeur des études de la FAP.

"Au-delà de cette triple urgence climatique, écologique et aussi sociale, il va falloir aussi créer des logements sans construire", abonde Thomas Uthayakumar, directeur des programmes de la Fondation pour la nature et l’homme. Il faut davantage densifier en construisant plus de logements à l'hectare dans les zones pavillonnaires ou en surélevant les bâtiments existants, soulignent les auteurs. "Il y a plein de villes moyennes où on peut rajouter un étage. C'est la densification verticale, sans que ça pose de problème très compliqué", note Manuel Domergue de la FAP. "Et puis il y a la densification douce horizontale comme construire sur une même parcelle, rajouter un logement", ajoute-t-il. La densification douce, qu'elle soit verticale ou horizontale, n'aboutit pas à "des grandes constructions très impressionnantes et ça ne change pas fondamentalement le visage de la ville mais ça permet d'habiter un peu plus nombreux", poursuit la Fondation Abbé Pierre.

Se tourner vers les logements vacants

L'objectif "zéro artificialisation nette" (ZAN), inscrit dans la loi, oblige la France à diviser par deux, tous les dix ans, son rythme de grignotage des espaces naturels par la ville et à avoir stoppé le phénomène en 2050. "D'ici 2031, il nous reste 100 000 hectares à artificialiser", développe Thomas Uthayakumar. Les deux ONG suggèrent également des mesures pour favoriser l'occupation des logements vacants. "Au-delà de la densification, il va falloir aussi créer des logements sans construire, c'est-à-dire aller voir un peu ce qui se passe du côté des logements vacants, des résidences secondaires", affirme Thomas Uthayakumar, soit "18 % du parc de logements".

Autre suggestion des deux associations : le "parcours résidentiel pour les seniors", autrement dit favoriser l'occupation des "logements sous-occupés". "Il y a d'un côté, chez les jeunes ménages, les jeunes familles, une sur-occupation très forte, avec des conséquences sociales très graves et de l'autre côté, une part de la population beaucoup plus importante qui est en sous-peuplement", explique la FAP. "Il faut proposer un parcours résidentiel pour partager un grand logement, soit pour déménager et se rapprocher des services publics et ça permettra de dégager des mètres carrés", estime le directeur des études de la Fondation Abbé Pierre.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.