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Prix du gaz : en Allemagne, les vendeurs de charbon de chauffage croulent sous la demande

Avec la guerre en Ukraine, le prix du gaz a explosé en Allemagne, où la moitié des ménages se chauffent avec ce combustible. Inquiets d'une possible pénurie, certains habitants redécouvrent le chauffage au charbon, pourtant très polluant. 

Article rédigé par Nathalie Versieux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 1 min
Un travailleur en train de remplir des sacs de charbon, au sein de l'entreprise familiale centenaire "Hans Engelke Energie", à Berlin  (CARSTEN KOALL / AFP)

Sous un vaste hangar d’une zone industrielle du sud de Berlin, Frithjof Engelke met en route sa machine de remplissage, au pied d’un tas de charbon noir. À 46 ans, le patron de cette entreprise familiale a connu un été difficile, pour la première fois de sa carrière.

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Depuis l’invasion de l’Ukraine et l’explosion du prix du gaz, les Allemands qui le peuvent cherchent à constituer des stocks de charbon, pour se chauffer pendant l’hiver. "Nous sommes fin août, et on a des délais de livraison de 8 à 10 semaines, explique Frithjof Engelke. Pour le charbon, c’est tout à fait inhabituel en cette saison. Normalement on n'a pas de clients qui commandent longtemps à l’avance des combustibles solides comme le charbon. Mais cette année, rien n’est comme d’habitude !"

Les poêles à charbon reprennent du service 

A Berlin, 5 000 à 6 000 logements non rénovés depuis la guerre se chauffent toujours au charbon, sur un parc de 1,9 million d’appartements. Mais ce qui est nouveau cette année, c’est l’intérêt porté à la houille par ces innombrables Berlinois équipés d’une chaudière à gaz, mais disposant encore d’un poêle à charbon décoratif. Comme Jan Blum, la soixantaine, venu en camionnette faire le plein de charbon. "J'achète du charbon pour la première fois depuis de nombreuses années. Jusqu'ici, je chauffais au gaz et je n'utilisais mon poêle qu'avec du bois. Si on a la possibilité de se chauffer d'une autre façon qu'avec le gaz, peut-être moins sainement, mais moins chère, c'est mieux que de se geler."

Reliques de la Guerre froide, ces poêles à charbon vont reprendre du service cet hiver, au grand dam des défenseurs de la planète, qui réclament leur interdiction depuis longtemps. Le gouvernement allemand, lui, s'est déjà résolu à un recours accru aux centrales à charbon pour garantir les besoins énormes en électricité de son industrie, même s'il assure ne pas renoncer à son objectif d'abandonner cette énergie polluante en 2030, et exclut "une renaissance des énergies fossiles, en particulier du charbon", comme l'a récemment déclaré le chancelier Olaf Scholz.

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