Installation de pompe à chaleur : bruit, aides, puissance... Cinq pièges à éviter avant de se lancer

Article rédigé par Louis San
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7 min
Un technicien installe une pompe à chaleur dans le Morbihan, en janvier 2021. (FRANCOIS DESTOC / MAXPPP)
Les particuliers sont incités par les pouvoirs publics à remplacer leurs vieilles chaudières à gaz ou au fioul par des pompes à chaleur. Mais pour éviter les déconvenues, il y a quelques précautions à prendre avant d'investir dans cet équipement.

Les pompes à chaleur séduisent de plus en plus de ménages, encouragés par le gouvernement à installer ces appareils à grand renfort de subventions soumises à des critères de ressources. Environ 12% des Français chauffent désormais leur logement à l'aide de ces engins et 91% d'entre eux en sont satisfaits, selon un sondage réalisé en février par l'institut BVA pour Thermor, un fabricant français. Pourtant, les témoignages recueillis par franceinfo montrent qu'entre les multiples aides incitatives et les promesses alléchantes de certains installateurs, il y a parfois des déconvenues. Voici les réponses et solutions à cinq des principaux problèmes rencontrés par des personnes ayant opté pour des pompes à chaleur.

"La pompe à chaleur fait beaucoup de bruit"

Le problème rencontré. Marine et son mari ont acheté une maison dans l'Eure en octobre 2022 et ont fait installé une pompe à chaleur le mois suivant. Dès le lendemain de la mise en service, leur voisin le plus proche s'est plaint du bruit constant généré par l'équipement. Il est tel que Marine et sa famille l'entendent à l'autre bout de la maison. Un dysfonctionnement a bien été identifié sur l'appareil, mais tant que l'installateur renvoie la balle au revendeur, il est impossible de faire jouer la garantie, relate Marine. 

En attendant, "nous coupons la pompe à chaleur en journée pour que le bruit s'arrête, raconte la propriétaire. Nous avons froid dans notre maison, avec des factures d'électricité de 270 euros par mois." Dans l'impasse, Marine et son mari envisagent de contracter un nouveau crédit pour faire installer une chaudière à granulés d'un montant de 20 000 euros, alors qu'ils ont déjà déboursé 13 000 euros pour la pompe à chaleur.

L'avis de l'experte. "Le bruit généré par les pompes à chaleur est un sujet récurrent, affirme Céline Laruelle, ingénieure au service bâtiment de l'Ademe (Agence de la transition écologique) en charge des équipements climatiques. Les industriels s'y intéressent beaucoup." Il s'agit de l'un des points à vérifier, poursuit-elle, invitant à consulter les notices techniques des produits. Il existe des pompes à chaleur plus ou moins bruyantes : les machines plus haut de gamme, plus chères à l'achat, peuvent produire moins de nuisances sonores. L'experte souligne qu'il est également possible de réaliser des traitements acoustiques. Il s'agit d'entourer l'appareil de plaques spéciales qui permettent d'atténuer le bruit. Une telle opération rajoute des coûts, variables selon les configurations.

"La prime promise n'a pas été versée"

Le problème rencontré. En Loire-Atlantique, Claude a franchi le cap en août 2022. Le devis pour sa pompe à chaleur annonçait 14 000 euros. Pour la financer, l'installateur a fait miroiter au sexagénaire 7 000 euros d'aides : 3 000 euros liés à MaPrimeRénov' et 4 000 euros via une prime promise par une entreprise. Mais après la signature du devis, l'installateur lui a fait savoir que les 4 000 euros avaient fondu et qu'il ne bénéficierait finalement que de 382 euros. "C'était très dur à avaler", lâche Claude.

L'avis de l'expert. MaPrimeRénov' est distribuée par l'Agence nationale de l'habitat (Anah), rappelle à franceinfo son directeur de la communication, Martin Lagane. Cette prime peut être cumulée avec des Certificats d'économie d'énergie (CEE) qui sont distribués par des entreprises. "L'Etat, en 2023, n'a pas changé le montant des CEE sur les pompes à chaleur", souligne-t-il. "Il peut y avoir de légères variations sur les CEE, de l'ordre de quelques dizaines d'euros, mais pas un passage de 4 000 euros à 382 euros", insiste Martin Lagane.

Pour éviter ce genre de désagrément, il invite les particuliers qui comptent entreprendre des travaux à contacter France Rénov'. "Ce service public, mis en place en 2022, permet de s'informer sur les travaux possibles, les aides auxquelles vous avez droit, et vous accompagne afin de sécuriser votre parcours", expose-t-il. Le conseiller France Rénov' peut vous aider à monter votre dossier de financement et à réduire ce qui vous restera à payer. En plus du site internet, les conseillers sont joignables par téléphone (au 0 808 80 07 00) et en présentiel avec 550 espaces conseils partout en France. Vous pouvez les trouver par ici, en renseignant votre code postal.

"Les coûts d'entretien et de réparation sont prohibitifs"

Le problème rencontré. Serge vit dans le Var, dans une copropriété équipée d'un système de chauffage collectif par pompe à chaleur. Installé en 2019, l'ensemble a coûté 156 000 euros pour 26 lots. Depuis, deux pompes à chaleur sur trois ont déjà dû être changées, sans compter de nombreux autres problèmes liés à la maintenance. Le propriétaire mentionne par exemple les "cartes électroniques" qui se trouvent dans chaque appartement et sont nécessaires pour réguler le dispositif. Lorsqu'une carte est défectueuse et qu'il faut la remplacer, cela coûte 500 euros, s'étrangle le septuagénaire. "Tout ce qui peut tomber en panne tombe en panne", commente-t-il, las. "La pompe à chaleur, ce n'est pas rentable", juge Serge, faisant valoir que les frais de réparation importants annulent les éventuelles économies réalisées.

L'avis de l'experte. "Les pompes à chaleur pour les résidences collectives ne sont pas encore très courantes", remarque Céline Laruelle, de l'Ademe. Elle estime que cette installation de 2019 doit probablement faire partie des premières déployées et concède que Serge "essuie peut-être un peu les plâtres". Si cela n'était pas encore considéré comme "totalement mature" il y a quelques années, Céline Laruelle assure que cette technologie s'est fiabilisée depuis.

"On fait des économies en la laissant éteinte"

Le problème rencontré. En Charente-Maritime, Danielle se retrouve avec une pompe à chaleur trop puissante pour son logement. Celle qui a été installée, en mars 2021, est idéale pour une maison de 120-130 mètres carrés, alors que la sienne fait 100 mètres carrés. Faisant valoir à l'entreprise qui a réalisé la pose que l'appareil était encore sous garantie, la septuagénaire a demandé si un échange était possible mais elle a essuyé un refus.

Sa pompe à chaleur, qui a coûté 13 000 euros, engendre une consommation d'électricité importante. La facture d'électricité annuelle a grimpé de 675 euros, alors qu'elle s'élevait déjà à 1 500 euros. Danielle et son mari se chauffent désormais avec une climatisation réversible, récemment changée, et la cheminée. "On se retrouve avec une pompe à chaleur sur les bras qui ne nous sert à rien, cingle-t-elle. Nous avons peur de remettre la pompe en marche. On fait des économies en la laissant éteinte. Nous avons l'impression d'avoir été arnaqués."

L'avis de l'experte. "Le dimensionnement de la pompe à chaleur est un sujet important", souligne Céline Laruelle. De façon générale, l'ingénieure explique qu'"il vaut mieux dimensionner plus petit que plus grand". Non seulement une pompe à chaleur plus petite coûte moins cher à l'achat, mais son fonctionnement est plus efficace si elle est à la limite de sa puissance. Il est préférable, selon elle, de devoir éventuellement faire appel à une solution d'appoint quelques jours par an, plutôt que d'avoir à l'année un appareil surdimensionné qui fonctionne en sous-régime. "Les professionnels sont normalement bien formés", affirme-t-elle, précisant que le cycle de formation spécifique sur les pompes à chaleur dure cinq jours.

"Les économies ne sont pas à la hauteur de ce qui avait été promis"

Le problème rencontré. "Nous avions une chaudière au fioul et avons décidé de franchir le cap en 2020, en passant à une pompe à chaleur, relate Raphaël, qui réside en Moselle. Contrairement aux arguments nous annonçant une baisse des coûts de chauffage 'bien au-delà de 30%', les coûts liés à l'électricité pour faire tourner la pompe n'ont permis de réaliser qu'une économie de chauffage de 10 à 15%, et ce avant les augmentations de 2023", poursuit-il.

La cause de ces gains moins importants que prévu a été identifiée. Le quadragénaire a fait installer sa pompe à chaleur avant de faire l'isolation de sa maison. Résultat : l'appareil, qui était à l'origine correctement dimensionné, se révèle trop puissant maintenant que les travaux ont été réalisés. Lors du dernier entretien annuel, le technicien lui a affirmé qu'avec l'isolation extérieure actuelle, il préconiserait une autre pompe à chaleur, plus adaptée, moins puissante, moins gourmande en électricité et donc plus économe. 

L'avis de l'experte. Céline Laruelle souligne que, dans l'idéal, il est préférable de réaliser la rénovation avant d'installer une pompe à chaleur. Cela évite d'avoir des problèmes de dimensionnement. "Quand on projette des travaux, il faut au maximum, d'abord, réduire les besoins [c'est-à-dire optimiser l'isolation] et ensuite s'intéresser au changement de système de chauffage", explique-t-elle.

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