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COP26 : que faut-il attendre du sommet sur le climat qui s'ouvre à Glasgow ?

En 2015, presque 200 pays s'engageaient à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Six ans après l'accord de Paris, l'ONU dénonce des promesses loin d'être à la hauteur de l'urgence climatique. Ce nouveau sommet doit être l'occasion de rectifier le tir. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Temps de lecture : 7min
Un homme passe sur un pont sur lequel sont installés des drapeaux de la COP26, à Glasgow (Ecosse), le 1er septembre 2021.  (EWAN BOOTMAN / NURPHOTO / AFP)

En 2015, à Paris, la COP21 s'était achevée sur la signature d'un accord historique. Pour la première fois, plus de 190 pays s'engageaient à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, de sorte à limiter le réchauffement moyen de la planète en dessous des 2°C, idéalement à 1,5 °C par rapport à l'ère préindustrielle. La COP26, qui s'ouvre à Glasgow (Ecosse) dimanche 31 octobre, promet d'être moins retentissante, mais pas moins cruciale.

>> Six ans après l'accord de Paris, la COP26 débute à Glasgow : suivez le début des négociations dans notre direct

Reportée d'un an à cause de la pandémie de Covid-19, cette conférence mondiale pour le climat pose les questions suivantes : qu'avons-nous fait depuis l'Accord de Paris et comment prendre la trajectoire qui permettra réellement de l'honorer ? Les discussions – entre chefs d'Etats dans un premier temps, puis entre diplomates et négociateurs – seront concrètes, techniques et inévitablement houleuses. Car cette COP26 doit transformer des promesses – réduire les émissions de gaz à effet de serre de 45% d'ici 2030 et atteindre la neutralité carbone autour de 2050 – en réalité.

Des ambitions revues à la hausse pour 2030

En 2015, les pays signataires de l'accord de Paris ont officiellement publié leurs ambitions en matière de réduction des gaz à effet de serre dans des documents appelés CND. A l'heure du premier bilan, les gouvernements "ne sont pas à la hauteur", rappelle le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, appelant les pays – surtout les membres du G20, qui représentent trois-quarts des émissions mondiales et se réunissent au même moment à Rome – à présenter, avant ou pendant le sommet de Glasgow, des contributions compatibles avec l'objectif de 1,5 °C. Comme le temps presse, les engagements doivent être renforcés à l'horizon 2030.

En effet, selon un récent rapport de l'ONU, même avec les derniers engagements annoncés par les Etats pour 2030, la planète se dirige vers un réchauffement "catastrophique" de +2,7 °C d'ici la fin du siècle. Or, rien n'empêche les pays ayant déjà mis à jour leurs contributions de renforcer encore leur ambition. Le président britannique de la COP26, Alok Sharma, résume ainsi sa mission à Glasgow : "maintenir en vie l'objectif de 1,5 °C" ("Keep 1,5 °C alive").

S'il est prévu dans l'accord de Paris que les ambitions soient revues à la hausse tous les cinq ans, les pays les plus vulnérables batailleront pour leur part pour une révision des ambitions tous les ans, au vu de l'urgence, comme l'exprimait en septembre dans The Times (lien en anglais) le président des Maldives.

Des stratégies pour abandonner les énergies fossiles 

"Les gens sont fatigués de ne voir que des engagements et des objectifs et non des plans d'action précis", estime Laurence Tubiana, ambassadrice de la France dans les négociations de l'accord de Paris. Comment crédibiliser des annonces politiques abstraites, telle que la neutralité carbone d'ici 2050 ? Alors que des centrales à charbon sont toujours en cours de construction, notamment en Chine, ce sommet doit donner l'opportunité de demander aux Etats de présenter des stratégies à long terme de développement à faibles émissions de gaz à effet de serre (des stratégies baptisées LT-Leds dans le langage onusien).

De plus, "les conférences multilatérales sur le climat offrent une plateforme de haut niveau pour lancer et faire le point sur les initiatives publiques et privées visant à faire progresser les actions de l'économie réelle", relève l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), qui prend note d'une attente forte concernant de nouveaux engagements en faveur de la réduction du charbon. Ainsi, le Climate Action network, un réseau qui rassemble plus d'une centaine d'ONG à travers le monde, attend que ce sommet soit celui de la fin des financements publics alloués aux projets de centrales à charbon.

Un transfert d'argent des pays riches vers ceux en développement

Parmi les sujets cruciaux de cette COP26 figure aussi la solidarité entre le Nord, responsable du réchauffement, et le Sud, en première ligne face aux effets du changement climatique. Plus spécifiquement, la promesse toujours non tenue des pays développés de porter à 100 milliards de dollars par an en 2020 leur assistance aux pays pauvres pour s'adapter aux conséquences et réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

Un rapport présenté fin octobre par la présidence de la COP26, estime qu'il est possible d'atteindre les 100 milliards en 2023 et ensuite les dépasser chaque année. Pour ce faire, en amont du sommet, le Canada et l'Allemagne ont été chargés par la présidence britannique de préparer un plan clarifiant la façon dont les pays développés pourraient collectivement intensifier leurs efforts, notamment sur la période 2021-2025.

Un mode d'emploi pour les marchés carbones

Autre sujet contentieux au cœur des deux semaines de discussions : les marchés carbone. Ce système de quotas d'émissions appliqués aux Etats afin de rendre plus incitatif financièrement l'abandon des énergies fossiles, est décrit dans l'article 6 de l'accord de Paris. Mais il faut encore se mettre d'accord sur le fonctionnement de ces marchés qui nécessitent que les pays communiquent en toute transparence sur leurs objectifs et leurs émissions.

Selon l'Iddri, "le véritable problème semble plutôt être d'ordre politique. Le Brésil, principal pays bloquant sur ce sujet, a besoin d'être rassuré sur le fait qu'il y aura des incitations financières en faveur de la préservation de la forêt amazonienne et de sa contribution à la stabilité du climat mondial". Or, les négociations menées avant la COP26 sur ce sujet n'ont rien donné, relèvent les observateurs.

La finalisation des règles du jeu de l'accord de Paris

Six ans après l'adoption de l'accord de Paris, les pays entrent enfin dans le premier cycle de mise en œuvre de leurs engagements. Pourtant, le manuel d'application de l'accord, censé permettre sa mise en place rigoureuse, n'a toujours pas été adopté, relève le Réseau action climat. A Glasgow, "les Etats doivent adopter un calendrier commun de 5 ans (...) pour leur permettre de faire régulièrement le point sur leurs objectifs, ainsi que des règles de reportage uniformisées et transparentes", écrit l'organisation.

Les Etats "doivent également se soumettre au mécanisme d'évaluation de l'accord de Paris, qui doit être mis en place pour la première fois en 2023. C'est la crédibilité de l'accord de Paris qui est en jeu, car des règles bien définies permettront une meilleure transparence".

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