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COP26 : on vous explique ce qu'est le méthane, l'autre gaz à effet de serre qui réchauffe le climat

Moins connu que le CO2, le méthane est un puissant gaz à effet de serre. A l'occasion de la COP26, plus de 80 pays se sont engagés à en baisser rapidement les émissions.

Article rédigé par Thomas Baïetto
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Des vaches munies d'un système de mesure du méthane, le 22 août 2019, à Noer (Allemagne). (CARSTEN REHDER / DPA / AFP)

C'est une première pour ce gaz à effet de serre, longtemps ignoré par la communauté internationale. Une centaine de pays, dont ceux de l'Union européenne et les Etats-Unis, se sont engagés à réduire leurs émissions de méthane, mardi 2 novembre. Objectif : les faire baisser de 30% d'ici 2030, par rapport à 2020. "Le méthane est l'un des gaz que nous pouvons réduire le plus vite", a justifié la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, pendant la COP26 à Glasgow (Royaume-Uni). Franceinfo vous présente ce gaz au cœur des négociations climatiques.

Quelles sont les caractéristiques de ce gaz et d'où vient-il ?

Le méthane, CH4, est formé d'un atome de carbone et de quatre d'hydrogène. "Constituant principal du gaz naturel, le méthane est présent dans tous les combustibles hydrocarbonés", explique le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) dans son glossaire.

Il est produit naturellement par la décomposition sans oxygène de matière organique dans les zones humides. Mais "environ 60%" des émissions mondiales de méthane proviennent des activités humaines, rappelle le Programme des Nations unies pour l'environnement dans un récent rapport*. Trois secteurs sont principalement concernés : l'agriculture (40% des émissions de méthane liées à l'activité humaine), les énergies fossiles (35%) et les déchets (20%).

Dans le secteur agricole, l'élevage – avec le fumier et les flatulences des ruminants que sont les vaches et les moutons – est la première source de méthane (32% des émissions humaines), devant les rizières (8%). Pour les énergies fossiles, ce sont les fuites durant le transport ou l'extraction du pétrole et du gaz, qui pèsent 23% des émissions humaines. Fin octobre, une fuite équivalente aux émissions annuelles de 8 000 voitures s'était par exemple déclarée en Russie, rapporte Bloomberg*.

On trouve également du méthane dans les sols congelés de l'Arctique, le pergélisol (ou permafrost en anglais), et les profondeurs des océans. L'augmentation des températures pourrait donc conduire à leur libération dans l'atmosphère et à une aggravation du réchauffement. Mais "il faut arrêter de parler de bombe de méthane. Il y a un risque, mais il n'est pas à court terme et cela sera progressif", estime Philippe Bousquet, chercheur au Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE), interrogé par franceinfo. "Nous ne voyons pas d'augmentation majeure en Arctique pour le moment."

Pourquoi est-il dangereux pour le climat ?

Comme le CO2, le méthane est un gaz à effet de serre, qui piège une partie des rayonnements dans l'atmosphère et fait grimper le thermomètre. Mais il est bien plus puissant. "Quand on met un kilo de méthane dans l'atmosphère, il piège, sur 100 ans, presque 30 fois plus de rayonnements que le CO2", résume Philippe Bousquet. Résultat, "il est le deuxième gaz à avoir contribué au réchauffement climatique observé jusqu'ici", précise Marielle Saunois, chercheuse au LSCE. Selon le dernier rapport du GIEC*, un tiers du réchauffement déjà constaté est dû au méthane.

La deuxième caractéristique de ce gaz constitue étonnamment un atout dans la lutte contre le réchauffement climatique : en effet, sa durée de vie dans l'atmosphère est seulement d'une dizaine d'années, contre des centaines pour le CO2. Diminuer les émissions de méthane est donc un "moyen d'agir à court terme" contre le réchauffement climatique, analyse Philippe Bousquet, même si le CO2 restera, de loin, le principal problème.

Dans son dernier rapport, le GIEC calcule qu'une "rapide et forte" baisse des émissions de méthane permettra de compenser l'amélioration de la qualité de l'air. La pollution atmosphérique a un effet refroidissant sur le climat, parce ses particules bloquent une partie des rayonnements solaires. Sa diminution, nécessaire pour des questions de santé publique, aura donc comme effet pervers d'accélérer le réchauffement climatique. Diminuer le méthane dans le même temps permettra de contrebalancer ce processus.

Comment faire pour baisser nos émissions ?

Pour diminuer les émissions de méthane, beaucoup de solutions sont "moins compliquées" que pour le CO2 et "sans regret", juge Philippe Bousquet. Il cite par exemple le fait de boucher les fuites de gaz ou de couvrir les décharges à ciel ouvert. D'autres sont un peu plus complexes, comme la modification des régimes alimentaires des animaux d'élevage ou des cultures de riz. "Il existe des techniques de culture de rizières en inondation intermittente, plutôt que continuelle. Pour l'alimentation des bêtes, il y a des possibilités d'inclure des additifs dans leur alimentation, comme des graines de lin ou certaines graisses", détaille Marielle Saunois.

Les deux chercheurs se félicitent de l'annonce de 80 pays sur un engagement de réduction de 30% des émissions de méthane d'ici 2030, mais attendent d'en connaître les détails. "C'est très encourageant qu'il y ait quelque chose de spécifique sur le méthane, mais il manque dans cet accord de gros émetteurs comme la Chine, l'Inde ou la Russie, et cela reste assez vague, pointe Marielle Saunois. Ce genre de promesse doit être suivie d'un plan concret à l'échelle de chaque pays."

* Tous les liens marqués par un astérisque sont en anglais.

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