COP21 : quels sont les pays qui s'impliquent vraiment ?
Le siège des Nations unies à New York accueille aujourd'hui la cérémonie de signature de l'accord sur le climat, obtenu le 12 décembre dernier à Paris. Une cinquantaine de chefs d’Etat et de gouvernement sont attendus, dont François Hollande qui prononcera le discours inaugural.
En décembre, à Paris, la COP21 avait débouché sur un accord entre 195 pays. Pourtant, la France comme l'Europe ne montrent pas vraiment l'exemple, à l'heure de ratifier cet accord. Il faut dire que les pays européens ne sont toujours pas d'accord sur les efforts à faire par chacun. L'Europe s'est en effet engagée lors de la COP21 à réduire de 40% les émissions de gaz à effet de serre pour 2030. C'est l'effort le plus important annoncé à la conférence de Paris. Mais "cet effort n'a pas été réparti entre les Etats membres. La Pologne, par exemple, vit essentiellement de ses ressources charbonnières et si on lui dit qu'il va falloir fermer ses mines de charbon, cela va lui poser un très gros problème social ", souligne Pierre Radanne, ancien président de l'Ademe et expert des négociations climat. "Il faut trouver un système juste, proportionné aux capacités de chacun et à la richesse de chacun ", poursuit-il, tout en remettant la médaille des plus gros progrès en matière de climat dans l'UE aux Allemands et aux Anglais.
■ L'Allemagne, la bonne élève de l'Europe
L'Allemagne, pionnière de la transition énergétique, s'est engagée à réduire ses émissions de CO2 de 80 à 95% d'ici 2050. Un objectif ambitieux qui bute cependant pour l'instant sur la part importante du charbon dans la production d'énergie, avec des centrales parmi les plus polluantes d'Europe. Pour tenir les engagements pris à Paris, un rapport présenté récemment outre-Rhin préconise la sortie complète du charbon d'ici 2040. "L'Allemagne ne peut pas être le pays de la transition énergétique tout en restant le pays du charbon ", souligne Dimitri Pescia, l'un des co-auteurs du rapport, et spécialiste des énergies renouvelables à la fondation Agora, à Berlin. "On propose un plan de sortie graduelle du charbon à l'horizon 2040 où on fixerait de manière administrée une date d'arrêt de fonctionnement des centrales, en commençant par les plus anciennes et les plus polluantes ", explique-t-il. Cet objectif est réalisable "en terme de système électrique lui-même ", assure Dimitri Pescia, mais cela nécessitera de prendre des mesures "en terme de restructuration socio-économique des régions minières ", poursuit-il. Quelque 25 000 emplois sont concernés.
■ La Chine et l'Inde font des efforts
Outre l'Europe, parmi les pays où l'application de cet accord sera particulièrement suivi, il y a la Chine. La lutte contre la pollution est devenue une priorité pour le gouvernement chinois qui veut ainsi changer de modèle économique. Depuis la COP21, des efforts sont faits par la Chine. En mars dernier, le 13e plan quinquennal chinois 2016-2020 a fixé treize objectifs contraignants, dont dix concernent l’environnement. Le plan prévoit notamment que la part des énergies renouvelables atteindra 15% en 2020. Une stratégie double qui permet à la fois de faire baisser la pollution tout en bâtissant un nouveau modèle économique basé sur les industries vertes. La Chine parle de "civilisation écologique". On n'en est pas là mais les efforts sont réels.
L'Inde, qui occupe une place importante dans la lutte contre le réchauffement climatique, fait aussi des efforts notables. Le pays n'émet aujourd'hui que 6% des gaz à effet de serre mondiaux, mais sa croissance économique et démographique est phénoménale, et basée principalement sur l'utilisation de centrales à charbon. New Delhi ne s'est pas engagé sur des réductions absolues, mais relatives, par rapport à sa croissance, avec notamment deux objectifs : réduire ses émissions de carbone de 33 à 35% par point de PIB par rapport à 2005, et produire à terme 40% de l'énergie par des sources non fossiles. Dans l'ensemble, il devrait pouvoir y arriver.
■ Les Etats-Unis, à la fois élève modèle du jour et cancre potentiel de demain
Dans la lutte contre le réchauffement climatique, les Etats-Unis occupent une place singulière. Sans la mobilisation de Barack Obama, l'accord de Paris aurait sans doute été moins ambitieux mais rien ne garantit que les engagements du président américain soient tenus. Le premier obstacle est juridique. La Cour suprême a ainsi suspendu le plan pour une énergie propre, celui qui prévoit la réduction de plus de 30% des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 15 ans. Mais la bataille est surtout politique. Les Républicains ne veulent pas entendre parler de tels objectifs et contestent la réalité même du réchauffement climatique. Le lobby du charbon reste puissant aux Etats-Unis, mais l'économie verte est tout de même en pleine croissance. Dans les plaines du Midwest, l’éolien représente déjà le quart de l'énergie consommée.
■ Le Maroc mise sur le biogaz
Le Maroc, qui organisera la prochaine COP, en novembre à Marrakech, veut donner l’exemple. A Paris, le pays s'était engagé à atteindre 52% d’énergies renouvelables d'ici 2030. Un défi dans un pays qui importe quasiment toute son énergie. Mais les choses changent, comme par exemple dans la ville de Fès, capitale spirituelle du Maroc, qui s’éclaire en partie grâce à ses déchets. Le biogaz dégagé naturellement lors de la décomposition des déchets est récupéré par un système de conduites installées dans la partie inférieure de la décharge. Ainsi récupéré, il est amené jusqu'à la station électrique où est installé le moteur à gaz. Celui-ci fonctionne sur le principe d’un groupe électrogène, sauf qu’au lieu d’être alimenté par du fioul, il l’est par du biogaz. Cette centrale bioélectrique produit 1 mégawatt sur les 3 dont a besoin la ville pour s’éclairer. Au niveau du royaume, l’objectif est de généraliser ces décharges contrôlées.
■ Les plus vulnérables ne sont pas les moins actifs
Plusieurs Etats insulaires ont déjà ratifié l'accord de Paris sur le climat. Parmi eux, les îles Marshall, les Maldives, les Fidji ou encore la République des Palaos, un archipel de Micronésie. Touchées de plein fouet par les conséquences dévastatrices du changement climatique, ces destinations aux décors paradisiaques voient déjà leur population se déplacer. "Les Fidji ont déjà acheté des morceaux de territoire dans d'autres pays pour anticiper les mouvements migratoires", souligne Fanny Petitbon, responsable des questions climat à l'ONG Care international. La Papouasie-Nouvelle-Guinée a d'ores et déjà mis en place un plan d'action nationale de lutte contre le changement climatique.
"Un seul événement climatique peut balayer toutes les avancées que nous avons faites et retarder notre développement ", a rappelé mercredi dernier le Premier ministre fidjien Josaia Voreqe Bainimarama, dont le pays a été touché de plein fouet par le cyclone tropical Winston, en février. En tout, treize petits pays très exposés (dont Fidji, Tuvalu, les Maldives, Belize, la Barbade ou les Samoa) ont pris leurs dispositions pour ratifier l'accord de Paris sur le climat dès ce vendredi à New York. De petits Etats qui attendent aussi un soutien des plus grands pour pouvoir mettre en œuvre certains de leurs engagements en matière d'énergie propre.
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