Limitation à 110 km/h sur l'autoroute : quel est l'impact espéré de cette proposition pour le climat ?
Cette proposition, qui figure parmi les 149 remises par ce groupe de citoyens au gouvernement dimanche, déclenche de vives réactions. Déjà évoquée lors du Grenelle de l'environnement en 2007, elle pourrait permettre de réduire de 20% les émissions de gaz à effet de serre sur les trajets autoroutiers.
C'est probablement la mesure la plus clivante des 149 adoptées par la Convention citoyenne pour le climat, ce groupe de Français tirés au sort pour proposer des mesures fortes contre le réchauffement climatique. La proposition de réduire la vitesse à 110 km/h sur les autoroutes provoque, depuis sa révélation jeudi 18 juin, de vives réactions. Au sein de la Convention d'abord, puisqu'elle n'a été adoptée qu'à 60% des voix, quand la plupart des mesures obtenaient des scores au-delà de 90%. A l'extérieur ensuite : l'association 40 millions d'automobilistes a immédiatement mis en ligne une pétition et revendique déjà 200 000 signatures.
La proposition, qui fait partie d'un paquet de mesures visant à réduire les déplacements en voiture individuelle, qui pèsent 16% des émissions de gaz à effet de serre (GES) en France, n'est pourtant pas nouvelle. Dès 2007, le Grenelle de l'environnement, réuni par l'ex-président Nicolas Sarkozy, s'était penché sur la mesure, sans la retenir. Dans leur rapport final, les membres de la Convention expliquent qu'elle permettrait de "réduire de 20% les émissions de GES en moyenne sur ces transports", d'économiser du carburant et de faire baisser la mortalité et les dommages corporels sur les routes. "En contrepartie, un allongement des temps de trajet est à prévoir : entre quatre et huit minutes par heure", écrivent-ils.
Des associations partagées
Les conventionnaires, conscients que cette mesure est "relativement complexe à mettre en place du point de vue de 'l'acceptabilité'", rappellent que "la vitesse maximale autorisée est inférieure à 130 km/h dans de nombreux pays : 113 km/h en Grande-Bretagne, 110 km/h au Brésil et en Suède, 100 km/h en journée depuis mars 2020 aux Pays-Bas". Cette mesure a cependant un coût non négligeable. En mars 2018, le Commissariat général au développement durable avait estimé le bilan socio-économique à une perte de 550 millions d'euros, principalement due au temps perdu.
Pour l'association France Nature Environnement, le gain en termes d'émissions est en revanche "tout à fait bénéfique pour l'environnement". "Plus on va vite, plus on va consommer de l’énergie fossible et plus on dégage d’émissions de polluants", rappelle à franceinfo Geneviève Laferrère, du réseau Transport et mobilités durables de l'association. Elle pointe également que des portions d'autoroutes sont déjà à 110 km/h, que c'est la vitesse maximale autorisée pour les jeunes conducteurs (A) et que "personne ne fait 130 km/h de moyenne". Sur Europe 1, Olivier Blond, de l'association Respire, estime à l'inverse que "si ça braque trop de monde, c'est contre-productif".
Dans les couloirs de la Convention, le week-end du 20 et 21 juin, les réactions suscitées par cette mesure ont été abondamment commentées. "Nos mesures ne sont pas là pour plaire, mais pour avoir un réel impact. Ce ne sont pas des mesures prises sur un coup de tête", a rappelé Eloïse, une lycéenne de 17 ans. Un chiffre, qui figure dans l'introduction du rapport final, a guidé cette réflexion : en 2018, l'empreinte carbone d'un Français était en moyenne de 11 tonnes par an. Il faudrait la réduire à environ deux tonnes pour respecter les accords de Paris et limiter les dangers du réchauffement climatique. Une réduction qui implique mathématiquement des changements drastiques dans notre mode de vie. Lors des débats, un autre citoyen, Hubert, a résumé ainsi son sentiment : "Les mesures, ce ne sont que des éléments techniques pour répondre au problème. La vraie question à poser aux Français, c'est 'Est-ce que vous voulez faire les efforts pour lutter contre le réchauffement climatique ?'"
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