Nouveau navire amiral japonais pour chasser la baleine : "Ça va être un carnage", s'alarme Sea Shepherd France

Malgré un moratoire mondiale appliqué depuis 1986, le Japon continue à pêcher la baleine à des fins commerciales alors que la population boude pourtant cette viande. Sans parler du point de vue éthique et écologique, cette obstination "n'a aucun sens économique", dénonce l'association.
Article rédigé par franceinfo
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Lancement en grande pompe du nouveau navire amiral baleinier, le "Kangei Maru", le 21 mai 2024 au Japon. (YUICHI YAMAZAKI / AFP)

"Ça va être un carnage", s'alarme mardi 21 mai Lamya Essemlali présidente de Sea Shepherd France sur franceinfo, alors que le Japon lance en mer un nouveau navire amiral baleinier, le "Kangei Maru", une usine flottante de 113 mètres de long, 21 m de large et de 9 200 tonnes. Le Japon a recommencé à pêcher la baleine après un moratoire de 30 ans. Avec ce monstre des mers qui accueillera une centaine de membres d'équipage, le pays veut relancer la consommation de la viande de baleine.

Les autorités japonaises souhaitent pêcher près de 200 cétacés cette année. "D'un point de vue éthique, c'est dramatique", réagit Lamya Essemlali. "On se doute bien que le Japon n'a pas fait fabriquer un bateau à 35 millions de dollars qui a de telles capacités de stockage et d'autonomie pour chasser uniquement le long de ses côtes", explique la présidente de l'ONG. "On s'attend à ce qu'ils retournent dans le sanctuaire baleinier Antarctique, dans lequel on s'est battu pendant des années pour en chasser la flotte baleinière japonaise. Ils ont annoncé aussi qu'ils allaient chasser dans le Pacifique Nord. Ça va être un véritable carnage", accuse-t-elle.

La Norvège et l'Islande sont les deux autres pays qui chassent encore la baleine, malgré l'interdiction de la pratique en 1986 par la Commission baleinière internationale. Lamya Essemlali rejette l'argument de la tradition séculaire : "On n'est pas sur une question de tradition, même si ça ne légitimerait pas le retour de la chasse à la baleine, on est sur une question politique", explique-t-elle. Selon elle, "on a une poignée d'individus de l'ultradroite nationaliste qui s'accroche à quelque chose qui est dans l'intérêt d'une poignée de personnes qui n'a aucun sens économique".

Des campagnes pour inciter à manger de la baleine

Le gouvernement japonais a lancé des campagnes pour inciter, notamment les jeunes, à consommer de ces cétacés : "Il faut bien avoir à l'esprit que très peu de Japonais mangent de la viande de baleine", a-t-elle précisé. La décision du Japon est "d'un point de vue éthique et écologique, complètement aberrante. En 2024, continuer à chasser des baleines, c'est complètement dingue", assène-t-elle.

L'ONG Sea Shepherd se prépare à reprendre le harcèlement des baleiniers japonais dans l'Antarctique. "Nous les avons chassés de ce sanctuaire. C'est une victoire. On s'attend à les voir y retourner. On est déjà en train de plancher sur le retour de nos navires dans le sanctuaire baleinier", prévient-elle. "Encore une fois, malgré des années de lobbying et de campagnes marketing, la consommation de viande de baleine ne décolle pas au Japon, ils n'y arrivent pas. La culture, c'est un prétexte. C'est une question purement politique", insiste la militante.

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