COP24 : "On a l'impression que rien ne va pouvoir réveiller l'apathie des gouvernements", regrette l'écologiste Yannick Jadot
L'eurodéputé déplore le stoïcisme des gouvernements lors de la 24e conférence climat de l'ONU, qui devrait se poursuivre ce week-end, faute d'accord à temps.
"On a l'impression que rien ne va pouvoir réveiller l'apathie des gouvernements", a déploré vendredi 14 décembre sur franceinfo Yannick Jadot, eurodéputé, tête de liste des écologistes à l’élection européenne de 2019, alors que la 24e conférence climat de l'ONU (COP24) en Pologne, prévue pour se terminer vendredi, devrait se poursuivre ce week-end, faute d'accord à temps.
franceinfo : Est-ce que vous croyez encore à la réussite de cette COP24 ?
Yannick Jadot : Ça va être difficile. On a l'impression que rien ne va pouvoir réveiller l'apathie des gouvernements. On a eu ces dernières semaines le rapport du Giec, qui nous dit qu'au-delà d'1,5 degré de hausse des températures, on va avoir un emballement climatique dramatique, on a les émissions qui repartent à la hausse et on a des milliers de personnes qui marchent et qui appellent à l'action. Mais à Katowice, les gouvernements ne semblent pas du tout avoir entendu cela.
Comment l'expliquez-vous ?
Dans cette conférence, vous avez aussi, très présents, les lobbies du charbon, du gaz, du pétrole, du nucléaire. On a du mal à se dire que c'est totalement une coïncidence si, d'un côté, les gouvernements n'avancent pas et que, de l'autre, les lobbies sont si présents. Après, évidemment, on a du mal avec les États-Unis, il va falloir faire sans eux, on a du mal aussi avec le gouvernement brésilien. Mais on attendait de l'Union européenne qu'elle prenne le leadership de cette conférence, de la négociation climatique. Mais elle-même est très loin de la bonne trajectoire sur le climat. Elle est incapable de dire "nous allons augmenter notre ambition climatique de 40 à 55% d'ici 2030" pour être conforme à l'accord de Paris. Donc on a des grands discours, mais on est très loin de l'action, de la responsabilité et donc les négociateurs sont très loin de la vie quotidienne, comme de l'avenir des citoyens de cette planète.
Est-ce que ça sert encore à quelque chose d'organiser ces COP ? Peut-on encore miser sur l'action concertée des États pour agir sur le changement climatique ?
Est-ce qu'on a vraiment le choix ? Si on avait le choix, moi-même j'aurais évité Katowice. Ça fait des COP et des COP que je fais. Vous avez des grands discours, qui sont aussi vite oubliés que la conférence est terminée. Mais à partir du moment où l'on a une communauté de destin à l'échelle planétaire, où l'on est confrontés exactement aux mêmes défis - avec des différences selon que l'on habite dans des pays vulnérables ou pas -, comment sérieusement penser qu'on va répondre à ce défi commun s'il n'y a pas en face une communauté internationale ? Moi le sentiment que j'ai, et c'est le rôle dans lequel je me suis inscrit il y a des années, c'est que l'Union européenne doit avoir un rôle moteur. Parce qu'elle a besoin de créer des emplois dans les zones rurales - avec les énergies renouvelables type éolien, géothermie, solaire, de l'eau etc - qui appellent au secours aujourd'hui. Ce sont des milliers d'emplois. Lutter contre le réchauffement climatique n'est pas qu'un impératif, c'est très positif. Si à la COP ça n'avance pas suffisamment, c'est essentiel que l'Europe trouve le projet commun pour mobiliser ses citoyens là-dessus.
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