Ce que l'on sait de la mystérieuse hécatombe d'oiseaux marins sur la côte Atlantique

Sea Shepherd, ONG de défense des océans et de la biodiversité, a annoncé lundi avoir recensé plus d'une centaine de cadavres d'oiseaux marins sur les seules plages de Vendée.
Article rédigé par franceinfo
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Le cadavre d'un oiseau marin, un guillemot, retrouvé échoué sur une plage d'Espagne, le 11 janvier 2024. (CRISPIN LA VALIENTE / MOMENT RF / GETTY)

Une situation inquiétante. L'organisation de protection des océans Sea Shepherd a recensé plus d'une centaine de cadavres d'oiseaux marins sur les plages de Vendée ces cinq dernières semaines, a-t-elle annoncé dans un communiqué publié lundi 26 février. L'ONG affirme que son centre de soins en Bretagne a aussi récupéré de nombreux guillemots de Troïl, un oiseau de la famille des pingouins, "dénutris, épuisés et en hypothermie". Franceinfo vous résume ce que l'on sait de ce phénomène alarmant.  

Les littoraux de la côte ouest concernés

"Le phénomène n'est pas limité à la Vendée et s'étend à la Bretagne et à la Manche", précise Sea Shepherd sur son site. L'ONG spécifie toutefois avoir "comptabilisé plus de 130 cadavres de guillemots sur une seule portion de plages de 120 km", en Vendée. Autre chiffre, provenant cette fois de la Ligue de la protection des oiseaux (LPO) : sur la côte ouest de l'Hexagone, les bénévoles ont signalé "près de 250 guillemots échoués". Le phénomène semble s'être accéléré ces dernières semaines, puisque 172 oiseaux ont été décomptés depuis début février, toujours selon la LPO. 

Plusieurs équipes de soigneurs mobilisées

Patrouiller sur les plages, comptabiliser les cadavres, soigner les oiseaux marins en détresse, les relâcher, les euthanasier, faire de la prévention, étudier les causes de décès... Le phénomène requiert un réseau de bénévoles et la présence de spécialistes sur le terrain. Sea Shepherd fait état d'équipes qui "se relaient sept jours sur sept" et qui ont accueilli dans leurs centres 28 guillemots. Mardi, 11 d'entre eux ont pu être relâchés.

Pour faciliter le travail des soigneurs et ne pas aggraver la situation, la LPO dresse une liste des gestes à adopter, pour les promeneurs qui constatent l'échouage d'un oiseau. Parmi les recommandations figure notamment celle de ne pas manipuler la carcasse si le guillemot est mort. Dans le cas contraire, il est important de se munir de gants, de maintenir les ailes de l'animal collées à son corps, ainsi que sa tête cachée. Autre conseil : l'isoler au calme, après l'avoir placé dans un carton.

Les causes de mortalité à déterminer

Pour l'heure, aucune association n'est capable d'établir avec certitude les raisons de ces échouages sur les plages françaises. La LPO avance que "la grippe aviaire ne semble pas impliquée". Elle déclare malgré tout placer les guillemots en quarantaine dans ses centres "afin d'éviter toute contamination éventuelle". Parmi les 85 oiseaux vivants qu'elle a recueillis, elle a constaté des symptômes similaires, à savoir "une hypothermie et une maigreur inquiétante". Même diagnostic du côté de Sea Shepherd : "Tous ont perdu plus de 25% de leur poids et sont en hypothermie avec une température à 3° de moins que leur température normale", peut-on lire dans le communiqué de lundi.

Le communiqué évoque ensuite plusieurs pistes : celle qui est la plus probable "est la raréfaction de la nourriture", due à la "surpêche, au changement climatique ou à la conjonction des deux". Autre hypothèse : la capture, dans la mesure où "des fileyeurs de moins de 8 mètres sont tout à fait en capacité de capturer des oiseaux proches de la côte". L'ONG tempère cependant cette seconde option, arguant que "les bateaux de plus de 8 mètres aient été arrêtés sur la période écoulée", interdits de pêche du 22 janvier au 20 février. Pour déterminer les causes de mortalité, elle affirme qu'il n'y a d'autre choix que de pratiquer des autopsies en grand nombre.

Une situation qui n'est pas inédite

Alors que Sea Shepherd évoque un phénomène "sans précédent" dans son communiqué, l'Office français de la biodiversité (OFB) apparaît moins alarmiste. Dans un article de Reporterre, l'établissement public rappelle qu'un échouage bien plus conséquent avait eu lieu au cours de l'hiver 2014 sur la façade atlantique, en raison d'une succession de tempêtes. De janvier à mars 2014, plus de 40 000 oiseaux marins avaient été retrouvés sur les littoraux, "du département des Pyrénées-Atlantiques jusqu'à celui du Finistère", selon un rapport de la LPO (PDF). 

Par ailleurs, l'association mentionne sur son site que de nombreux cadavres d'oiseaux marins ont déjà été retrouvés en fin d'année 2023 sur les plages de la façade ouest du pays. Parmi les espèces observées à cette époque, "les fous de Bassan, les océanites cul-blanc, les mouettes de Sabine et les phalaropes à bec large". "Cette fois, ce sont surtout les alcidés, et en particulier les guillemots de Troïl qui sont concernés", précise-t-elle.

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