Biodiversité menacée dans les rivières françaises : "Quelque chose ne va pas dans nos petits cours d'eau", alerte WWF

Moins de la moitié des rivières françaises (43%) sont en bon état écologiquement, selon l'ONG WWF. Les truites sont particulièrement menacées.
Article rédigé par franceinfo
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Un déversoir sur l'authion, une rivière de la vallée de la Loire (photo d'illustration, le 20 aout 2024). (CHRISTIAN WATIER / MAXPPP)

"Concernant la population de truites, elle a baissé de moitié en 20 ans. Pour l'oiseau le Grèbe huppé, la population a baissé de 90%. Ce sont des indicateurs du fait que quelque chose ne va pas dans nos petits cours d'eau", alerte mercredi 22 mai sur franceinfo Yann Laurans, directeur des programmes à WWF. L'ONG publie un bilan inédit affirmant que la biodiversité des rivières et des plans d'eau douce est menacée en France. Moins de la moitié des rivières françaises (43%) sont en bon état écologiquement, c'est-à-dire capables d'accueillir la vie aquatique et les oiseaux dans des bonnes conditions. Les petits cours d'eau ruraux sont surtout concernés. En revanche, WWF note une amélioration pour les grands fleuves.

franceinfo : Ce sont surtout les petits cours d'eau qui vont mal à cause des activités de l'Homme c'est bien cela ?

Globalement, les grands fleuves à l'aval des grandes villes vont mieux. Beaucoup d'argent a été investi depuis 20 ans, environ 500 milliards d'euros dans le système de gestion de l'eau. Mais tous les petits cours d'eau du milieu rural ont plutôt tendance à se dégrader et ça se voit dans la population d'oiseaux et de poissons qu'on observe.

Par exemple, concernant la population de truites, elle a baissé de moitié en 20 ans. Pour l'oiseau le Grèbe huppé, la population a baissé de 90%. Ce sont des indicateurs du fait que quelque chose ne va pas dans nos petits cours d'eau. Et dans le même temps, on note beaucoup d'espèces invasives comme le poisson-chat qui est une espèce qui a tendance à coloniser les eaux françaises.

La bonne nouvelle en revanche c'est que dans les fleuves comme la Seine par exemple on voit revenir certaines espèces qu'on ne voyait plus depuis des dizaines d'années, comment ça s'explique ?

Ça s'explique par les efforts considérables que vous et moi, en tant que consommateurs d'eau, avec notre redevance que nous payons et qui sert à financer des travaux, on a mis en œuvre des travaux d'assainissement des eaux qui ont fini par porter leurs fruits pour l'essentiel de l'année. À part dans les cas de gros orages, l'eau des fleuves, à l'aval des grandes villes comme Paris ou Lyon, va beaucoup mieux.

L'état était catastrophique dans les années 1960. Ça s'améliore donc alors que depuis les années 1960 on a eu une croissance démographique et une croissance de l'activité économique. Malgré ça, on a une eau plus propre grâce à ces efforts.

Est-ce que ça veut dire qu'on a un peu trop délaissé les rivières dans nos campagnes ? Les 500 milliards d'euros pour la politique de l'eau ont-ils été mal investis ?

Ce n'est pas qu'on a mal investi. On a investi là où on pouvait mettre des tuyaux et des systèmes d'assainissement pour la pollution qu'on appelle ponctuelle, celle des villes et des grandes industries. La pollution dans le milieu rural, ce n'est pas la même chose, ce n'est pas une affaire de tuyaux qui va collecter une pollution et qui va la traiter, c'est une affaire de comportements, de système économique, de manière de produire et c'est beaucoup plus difficile à réaliser.

Pour tenter d'améliorer la situation, vous allez donc acheter des terres pour créer des zones humides ?

Oui, WWF France va s'engager à mettre un budget de 5 millions d'euros pour acheter des zones humides qui seront proposées à la vente et ce afin de les préserver et de les gérer de manière durable avec les acteurs de territoires. Le but, qu'elles soient des emblèmes de la qualité des milieux aquatiques qu'on peut obtenir en gérant bien ces milieux.

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