Mort de Rémi Fraisse : les reproches pleuvent sur Bernard Cazeneuve
Alors que les écologistes et le Front de gauche vont jusqu'à demander sa démission, le ministre de l'Intérieur défend son soutien aux forces de l'ordre.
Semaine difficile pour Bernard Cazeneuve. Après la mort de Rémi Fraisse, tué le 26 octobre par une grenade offensive lors d'affrontements avec la police sur le site du barrage de Sivens (Tarn), le ministre de l'Intérieur est pointé du doigt par la gauche de la gauche et par les écologistes. En cause, sa réaction tardive, mais aussi sa gestion des affrontements et son soutien indéfectible aux forces de l'ordre.
On lui reproche d'avoir réagi tardivement
Après la mort de Rémi Fraisse dans la nuit du samedi 25 au dimanche 26, Bernard Cazeneuve a attendu le mardi 28 octobre pour s'exprimer devant la représentation nationale. "Pourquoi ce silence pendant deux jours ?" s'est interrogée l'ancienne ministre écologiste Cécile Duflot.
Cette réaction a également été jugée "extrêmement tardive" par le patron du groupe écologiste au Sénat, Jean-Vincent Placé. Surtout, l'élu EELV a déploré "un manque d'empathie terrible", "un manque de cœur saisissant dans l'expression du ministre de l'Intérieur". Un avis partagé par le député écologiste Noël Mamère, qui a estimé, lui aussi, que Bernard Cazeneuve avait réagi "bien tardivement".
Des critiques balayées par le principal intéressé, dimanche, dans le JDD. "J'ai fait les choses sincèrement, pudiquement, avec retenue. Je sais que la compassion peut être cathodique. Mais elle peut aussi être différente, sans être, pour autant, moins profonde."
On le soupçonne de protéger les forces de l'ordre
Surtout, élus EELV et du Front de gauche ont reproché à Bernard Cazeneuve d'avoir exprimé un soutien trop appuyé aux forces de l'ordre. Or, aux yeux des écologistes Cécile Duflot et Eva Joly, le jeune Rémi Fraisse a bien été victime d'une "bavure" policière.
"On ne peut pas condamner toujours les forces de l'ordre, alors que les enquêtes sont en cours, et passer sous silence les violences graves dont ces forces ont été l'objet, sauf à affaiblir l'Etat de droit, ce qui est irresponsable, a répondu dimanche le ministre de l'Intérieur, dans le JDD, rejetant les accusations de bavure. Dans la liberté des opinions de chacun, Il faut respecter l'Etat. C'est cela le problème de fond. Moi, je crois à l'Etat. Et aux valeurs de respect qu'il doit porter. C'est justement quand on affaiblit l'Etat que les dérives autoritaires naissent."
On l'accuse d'avoir encouragé la violence de la police
Plus grave, Bernard Cazeneuve est également accusé d'avoir encouragé la violence de la police sur le site de Sivens. "J'accuse le ministre de l'Intérieur d'avoir mis délibérément des gendarmes pour garder une zone dévastée sans aucun engin, uniquement pour créer de la tension", a ainsi lancé l'eurodéputé EELV José Bosé, mardi sur BFMTV.
Et le leader du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, d'appeler, sur son blog, à la démission de Bernard Cazeneuve, estimant qu'il doit "assumer devant la société la responsabilité" du drame, qui représente "l'échec suprême de la tâche du maintien de l'ordre".
Des accusations, là aussi, rejetées en bloc par le ministre de l'Intérieur. "Je n'ai pas donné ces instructions [d'encourager les violences], mais j'ai donné les instructions inverses, a assuré Bernard Cazeneuve, lundi matin sur RTL, parce que j'avais suffisamment d'éléments qui témoignaient de l'extrême tension qui régnait à Sivens."
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