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Au Canada, le projet d'expansion de la pipeline Trans Mountain suscite l'indignation des peuples autochtones et des écologistes

Au Canada, l’agrandissement d’un oléoduc fait polémique depuis plusieurs années. Longtemps réclamé par l’industrie pétrolière de l’ouest du pays, mais décrié par les écologistes, son extension, prévue pour 2024, fait débat, même au sein des peuples autochtones.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Les travaux d'extension de la pipeline Trans Mountain sur des terres à Abbotsford, en Colombie-Britannique, en mai 2023. (DARRYL DYCK / MAXPPP)

L’agrandissement du pipeline Trans Mountain, au Canada, va tripler la capacité de transport de pétrole vers la côte Pacifique pour l’exporter, notamment vers l’Asie. Le projet consiste à doubler la canalisation actuelle du pipeline, et cette extension devrait voir le jour en 2024.

Une catastrophe pour l’environnement mais aussi pour certains peuples autochtones, dont les communautés Secwépemc dans l'Ouest canadien. Car depuis septembre, un nouveau tracé de construction passe par un lac sacré, explique April Thomas, l’une des porte-paroles : "Ce site s’appelle Pipsssell. Pour nous, ce lieu c'est comme un sanctuaire, comme ce que représente une église. Sous nos lois autochtones, on ne détruirait jamais notre eau, notre terre. Notre peuple demande juste de le respecter et de ne pas le détruire."

Un coût environnemental et financier

Toutes les communautés autochtones au Canada ne s’opposent pas au projet. Certaines militent plutôt pour y être impliquées, car elles y voient une opportunité économique. C’est le combat de "Projet réconciliation", une société d’investissements installée à Calgary, en Alberta, dont Stephen Mason est le directeur. "Nous devons changer de modèle pour que les autochtones s'approprient matériellement ces grands projets d'infrastructure et qu’ils aient une place à la table des négociations, affirme-t-il. Car en tant que gardiens de la terre, ils ont une bien meilleure vision de la protection des terres, et les écouter serait logique pour tout le monde, pour toutes les parties prenantes."

Investir dans ce pipeline avec les peuples autochtones, mais en pariant sur l’avenir : le projet de réconciliation voudrait, à terme, transporter, non pas du pétrole, mais de l’hydrogène. Pour le directeur de l’institut de l’énergie à Polytechnique Montréal, Louis Beaumier, c'est du "greenwashing" et il craint que ça fasse "augmenter le pétrole provenant des sables bitumineux".

"Bien que le gouvernement promette, depuis plusieurs années déjà, d'établir un plafond sur les émissions de gaz à effet de serre qui viennent de la production du pétrole au Canada, ce plafond-là n’a toujours pas été fixé."

Louis Beaumier, directeur de l’institut de l’énergie à Polytechnique Montréal

à franceinfo

Sans parler du coût que représente ce projet d’extension pour le gouvernement : le montant est passé de 4 à plus de 30 milliards de dollars canadiens, en quelques années. L’extension du pipeline devrait être achevé début 2024, sauf nouveau retard.

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