Missile nord-coréen : "Il est encore trop tôt pour garantir à 100 % qu'il s'agit d'une bombe à hydrogène"
Antoine Bondaz, chercheur à la Fondation pour la Recherche Stratégique a décrypté pour franceinfo dimanche le test nucléaire de la Corée du Nord. "Les sanctions à elles seules ne suffiront pas" a-t-il affirmé.
La Corée du Nord affirme avoir testé avec succès une bombe à hydrogène capable d'être montée sur un missile à longue portée. L'explosion a entraîné un séisme de 6,3 de magnitude, ressenti en Chine et en Russie. Un essai condamné par la communauté internationale. "Il est encore trop tôt et les informations sont trop parcellaires pour garantir à 100% qu'il s'agit d'une bombe à hydrogène", a réagi dimanche 3 septembre sur franceinfo, Antoine Bondaz, chercheur à la Fondation pour la Recherche Stratégique, spécialiste de la politique étrangère et de sécurité de la Chine et des deux Corées.
franceinfo : cet essai mené par la Corée du Nord, correspond-il effectivement à une bombe à hydrogène ?
Antoine Bondaz : La Corée du Nord l'affirme depuis l'année dernière qu'elle a la capacité de faire exploser une bomme à hydrogène. Il est encore trop tôt et les informations sont trop parcellaires pour garantir à 100 % qu'il s'agit d'une bombe à hydrogène. Cependant, ce qui est important dans la communication de la Corée du Nord, c'est l'importance et la puissance de la bombe qui a détonné ce matin et son annonce que ce nouveau design de bombe pourrait être installé sur un missile intercontinental et qui pourrait donc frapper potentiellement les États-Unis.
À quoi pourrait servir à la Corée du Nord cette force de dissuasion nucléaire ?
Il peut y avoir deux dimensions, une dimension militaire et une dimension politique. Une dimension militaire de dissuasion afin d'éviter toute intervention militaire étrangère sur le territoire nord-coréen et une dimension politique, puisque ce programme nucléaire et balistique permet de renforcer l'autorité en interne de Kim Jong-Un, d'assurer la cohésion de la population. Ces deux composantes ont un seul et même objectif : garantir la survie politique du régime politique nord-coréen. L'objectif de la Corée du Nord est de développer un programme nucléaire et un programme balistique crédible afin d'avoir une capacité de dissuasion qui soit crédible vis-à-vis des États-Unis, du Japon et de la Corée du Sud. Depuis l'arrivée au pouvoir de Kim Jong-Un, nous avons assisté à une accélération sans précédent de ces deux programmes, il y a eu 4 essais nucléaires sous Kim Jong-Un et seulement deux sous Kim Jong-il, plus 80 essais de missile balistique sous Kim Jong-Un et seulement seize sous son père Kim Jong-il.
La communauté internationale semble impuissante face à la surenchère du régime nord-coréen...
Les sanctions internationales sont indispensables afin de montrer l'unité de la communauté internationale, la critique et la condamnation de ce programme nucléaire et balistique. Cependant, les sanctions à elles seules ne suffiront pas pour forcer la Corée du Nord à se dénucléariser parce que le pays considère que les gains militaires et politiques du développement de ce programme continuent de dépasser le coût économique et les sanctions qu'elles entraînent. Il n'y a pas aujourd'hui de solution militaire à travers des frappes qui seraient possibles. Le scénario de frappes préventives sur le continent et sur le territoire nord-coréen conduirait certainement à une nouvelle guerre de Corée et à des centaines de milliers voire des millions de morts. Il faut à tout prix éviter de reconnaître la Corée du Nord comme une puissance nucléaire dans le droit international. Ce qu'il faut à terme c'est un dialogue entre la Corée du Nord, les États-Unis, mais également les autres pays de la communauté internationale et essayer de contenir cette menace et à plus long terme d'essayer de la réduire.
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