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JO d'hiver : "Un merveilleux prétexte" pour un rapprochement entre les deux Corées, mais le sport n'est pas "une baguette magique"

Le géopolitologue Pascal Boniface décrypte mardi sur franceinfo l'intention de la Corée du Nord d'envoyer des athlètes en Corée du Sud, lors des prochains JO d'hiver.

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Pascal Boniface, directeur de l’institut des relations internationales et stratégiques, et auteur de l'ouvrage Géopolitique du sport, le 20 mars 2015 à Paris.  (MARTIN BUREAU / AFP)

La Corée du Nord propose d'envoyer des athlètes aux prochains JO d'hiver, qui se tiendront en Corée du Sud, du 9 au 25 février. Une annonce qui intervient alors que les deux pays ont repris le dialogue en janvier. "Une première", explique mardi 9 janvier sur franceinfo Pascal Boniface, directeur de l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris) et auteur de Géopolitique du sport

Ces Jeux olympiques sont "un merveilleux prétexte pour opérer un rapprochement nécessaire, désiré" entre les deux pays, assure-t-il, même s'il précise que les Jeux ne sont pas "une baguette magique" et ne pourront pas "ramener une paix durable entre les deux pays".

franceinfo : Est-ce la perspective de ces Jeux olympiques d’hiver qui a poussé les deux Corées à se parler ?

Pascal Boniface : Non, cela a plutôt été un prétexte pour un rapprochement qui était voulu des deux côtés, et qui était difficile à mettre en œuvre sans ce prétexte. (...) Avec les JO, ce sont les nations qui sont engagées, ce ne sont pas les États. C'est un merveilleux prétexte pour opérer un rapprochement nécessaire, désiré. (...) La Corée du Nord est à la fois un pays faible et fort. Elle n'aurait pas négocié si elle s'était sentie en situation de faiblesse, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui [au terme d'une série d'essais balistiques, la Corée du Nord affirme être une "force nucléaire"]. Le sport est un instrument diplomatique, ce n'est pas une baguette magique. Ce ne sont pas les Jeux olympiques qui vont ramener la paix, une paix durable entre les deux pays, mais c'est un moyen de faire baisser les tensions, et c'est bienvenu.

Si les deux délégations défilent ensemble, comment faudra-t-il l'interpréter ?

Ce ne sera pas le signal d'une réunification. Il y a déjà eu dans le passé des défilés communs pour les Jeux olympiques, à Sydney en 2000, à Athènes en 2004 et, pour les Jeux d'hiver, à Turin en 2006. Et cela n'a pas conduit à une réunification. Dans tous les cas, cela montrerait une volonté d'apaisement des tensions, qui ont été très fortes dans la péninsule coréenne l'an dernier. (...) Quant à la Corée du Nord, elle va essayer d'en profiter pour obtenir un allègement des sanctions, voire une aide économique de la Corée du Sud. Les relations entre les deux pays sont un éternel mouvement de yo-yo avec des hauts et des bas, et ce depuis 20 ans.

Il ne faut pas oublier que lorsque la Corée du Sud avait organisé les JO d'été en 1988, la Corée du Nord les avait boycottés. Ce sera donc vraiment une grande première de voir la Corée du Nord venir sur le sol de la Corée du Sud.

Pascal Boniface, directeur de l'Iris

franceinfo

Cet épisode va-t-il permettre d'installer une trêve, grâce aux Jeux olympiques ?

Tout dépend de ce qui se passera. La Corée du Sud doit mener des manœuvres militaires avec les États-Unis. Elle les a reportées après la tenue des Jeux olympiques, justement dans l'espoir que cela permette cette avancée diplomatique. Si les manœuvres sont aussi importantes que par le passé, il y aurait une reprise des tensions. Mais si les manœuvres se tiennent avec un peu moins de militaires qu'auparavant, la trêve pourra se prolonger. C'est une trêve, ce n'est pas une paix. Une trêve dont la longueur dépendra de ce que feront les acteurs par la suite. Ce que l'on ne peut pas espérer, c'est que la Corée du Nord renonce à ses armes nucléaires, qui sont l'assurance-vie du régime. Il faut s'habituer à vivre avec une Corée du Nord nucléaire. On peut très bien vivre avec une Corée du Nord dotée de l'arme nucléaire qui ne serait pas dans des provocations incessantes, comme cela a été le cas au cours de 2017. Pour cela, il faudrait aussi un président américain un peu plus responsable.

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