"Effacer l'identité même de ce peuple" : en Chine, des centaines de villages ouïghours renommés de force
Des noms de villages ont été effacés dans le Xinjiang, dans l'ouest de la Chine, la région où vivent les Ouïghours. Selon un rapport de l'ONG Human Rights Watch, publié mardi 18 juin, des changements seraient intervenus dans 3 600 localités sur les 25 000 que compte la région, avec des évolutions à la marge qui passent par la ponctuation ou l'orthographe. Mais au moins 630 de ces villages auraient totalement changé de nom, notamment ceux qui se référaient directement à la culture et à l'histoire ouïghoure.
Le village de Dutar, dont la signification correspond à un instrument de musique ouïghoure, a été modifié au profit du village "drapeau rouge". Le même sort est appliqué pour la localité du nom d'un poète Ouïghour, Qutpidin Mazar, dont le nom a été transformé en 2018 pour devenir le village de la Rose.
"Effacer la culture, c’est l’essence même de ce colonialisme chinois"
Le régime communiste chinois est devenu spécialiste dans l'effacement des cultures, il utilise le même procédé au Tibet depuis plus de 70 ans. Le processus passe par la destruction des sites religieux, ou encore avec l'interdiction de l'apprentissage de la langue. Pékin prend plaisir à effacer le nom des rues et des villes ouïghours, mais aussi le nom du pays en lui-même, explique Dilnur Reyhan, auteur à l'institut ouïghour d'Europe.
"Effacer la culture, c’est l’essence même de ce colonialisme chinois. Ça a été notamment un changement de noms des rues, des villes. Et que le plus frappant, c’est l’effacement du nom du pays ouïghour qui est le Turkestan oriental, appelé communément Xinjiang, qui est un nom colonial qui signifie 'Nouveau territoire'. C’est pourquoi les remplacer par un autre nom, c’est effacer l’identité même et l’existence de ce peuple", analyse Dilnur Reyhan.
Le Xinjiang, nom chinois du Turkestan oriental, est donc victime des méthodes classiques utilisées par les dictatures. Les Soviétiques effaçaient, eux, des photos officielles les personnes qui n'étaient plus en odeur de sainteté en URSS.
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