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Le président Xi Jinping met l'armée chinoise au pas

En quête de légitimité, le numéro un chinois Xi Jinping tente de reprendre la main sur l’Armée populaire de libération. L'APL se doit d’être «totalement loyale», a-t-il martelé lors de sa venue, le 20 avril 2016, au nouveau centre de commandement interarmées. Fait rarissime: c’est en tenue militaire, sans insigne ni grade, que le président est apparu, entouré des hauts gradés du pays.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le président chinois Xi Jinping, chef des armées, entend accroître son autorité sur l'Armée populaire de Libération (APL). (LI GANG / XINHUA /AFP)

«Commandant en chef»: c’est ainsi que l’Agence officielle Chine nouvelle et la chaîne anglophone de la télévision centrale chinoise diffusée dans le monde entier, CCTV News, ont désigné le président chinois Xi Jinping. Un titre jusqu'alors inédit pour le président de la République populaire qui est également secrétaire général du Parti communiste (PCC) et président de la Commission militaire centrale (CMC). Inédite aussi l'apparition en treillis de celui qui veut réaliser le «rêve chinois d'une armée puissante» à l'horizon 2020.


Depuis le début de ses mandats, fin 2012-début 2013, M.Xi s'emploie à réorganiser en profondeur les structures de l’APL, institution qu’il juge inefficace et gangrenée par la corruption. Quatre de ses départements généraux, en charge de la logistique, des armes, des recrues et de la politique, ont d’ores et déjà été démantelés pour consolider le contrôle de l'armée par le Parti communiste. Une campagne anticorruption, menée au plus haut niveau de l'Etat, avait entraîné en 2015 la chute de nombreux hauts gradés et de cadres du PCC.

Reprise en main de l'APL
A travers cette reprise en main, l’hyper président Xi entend démontrer qu’il a su «doter la Chine d’une armée moderne et réactive, et non plus pléthorique et bureaucratique comme cela était le cas dans le passé», note un diplomate en Asie sous couvert d’anonymat, cité par le quotidien Libération. Le président chinois avait annoncé, en septembre 2015, son intention de supprimer 300.000 postes sur les 2,3 millions que comptent l'armée populaire.

Celle-ci, selon M.Xi, doit être «ingénieuse dans la bataille, efficace dans le commandement, audacieuse et apte à remporter des guerres». Pour cela, l’armée chinoise, dont 70% des effectifs sont affectés aux opérations terrestres, avance ses pions dans les eaux disputées de mer de Chine territoriales où Pékin construit des îles artificielles, militarisées, pour affirmer sa souveraineté et contenir les Etats-Unis. Aux côtés des forces terrestres, navales et aériennes, un commandement général pour l'armée verra le jour ainsi qu'une unité pour la cyberguerre.

Budget militaire en hausse constante
Ce remaniement profond de l’APL comprend également la création d’une «force de fusées» en charge des missiles. «Pékin entend ainsi faire comprendre à Washington qu’il a désormais les moyens de frapper l’Amérique durement et lui infliger des pertes», explique un expert de l’APL, Shinji Yamaguchi, cité lui aussi dans Libération

Cette modernisation est rendue possible grâce à un du budget militaire, porté, en 2015, à 145 milliards de dollars, soit le 2e budget le plus élevé au monde derrière les Etats-Unis. Cette augmentation constante depuis plusieurs décennies n’est pas sans inquiéter les puissances occidentales, dont les Etats-Unis. 

Xi Jinping a besoin d'une armée en ordre de marche pour le 19e congrès du Parti communiste chinois, en 2017. C'est dans cette optique qu'il s'était rendu, le 2 novembre 2014, à Gutian, là où Mao avait jeté les bases de l'APL, officiellement créée le 1er août 1927.


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