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Hong Kong: 50.000 domestiques étrangères réduites à l'état d'esclaves

Selon une nouvelle étude qui alimente les critiques sur le traitement réservé aux employées de maison dans l'ancienne colonie britannique, des dizaines de milliers de domestiques étrangères à Hong Kong sont en situation de «travail forcé».
Article rédigé par Véronique le Jeune
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
En 2014 déjà, une manifestation des employées de maison étrangères à Hong Kong réclamait plus de protection après l'affaire Erwiana Sulistyaningsih, une domestique indonésienne maltraitée dont l'employeur a été condamné. (Siu Chiu / REUTERS)

Le Centre pour la justice, une organisation de défense des droits de l'Homme, estime qu'une domestique sur six, soit 50.000 personnes sur les 300.000 employées pour la plupart philippines ou indonésiennes, vivant à Hong Kong, sont concernées.

Pour l'association, le travail forcé signifie un emploi pour lequel l'employé n'a pas été recruté librement, ne fait pas son travail librement ou ne peut pas s'arrêter de travailler.

D'après l'étude, 14% des personnes dans cette situation sont arrivées à Hong Kong après avoir été victimes de la traite des êtres humains. En décembre 2015, la Commission de l'ONU contre la torture avait appelé les autorités hongkongaises à réformer la loi afin de mieux protéger les victimes de travail forcé et de la traite des êtres humains.

En 2014, le cas d'une domestique indonésienne réduite à l'esclavage, Erwiana Sulistyaningsih, avait eu un retentissement international et attiré l'attention sur les conditions de vie des employées de maison. Son employeur, une mère de famille hongkongaise, a été condamnée en 2015 à six ans de prison.
 
Mais cette affaire est un peu comme l'arbre qui cache la forêt. «Hong Kong doit reconnaître ces problèmes. Elle ne peut plus les glisser sous le tapis», a commenté Piya Muqit, directrice du Centre pour la justice. Pour elle, «les règlements actuels peuvent en fait accroître la vulnérabilité des employées et les victimes font face à de vraies barrières lorsqu'elles recherchent de l'aide».

D'après l'enquête, le même scénario se répète à l'infini. L'endettement de ces femmes, embauchées principalement pour s'occuper des enfants et faire le ménage, auprès d'agences peu scrupuleuses, aussi bien à Hong Kong que dans leur pays d'origine, explique en bonne partie qu'elles soient piégées et qu'elles se retrouvent victimes de pratiques esclavagistes modernes .

«Le travail forcé, ce n'est pas toujours de la violence physique, il existe de nombreux outils de contrainte et de tromperie», déclare Victoria Wisniewski Otera, co-auteur du rapport rédigé sur la base d'entretiens avec plus de 1.000 femmes.

Une Indonésienne présentée sous le nom d'Indah a expliqué qu'elle n'avait pas d'autre choix que de travailler pour rembourser sa dette. Elle a également dit que son employeur détenait son passeport.

En moyenne, ces domestiques travaillent 70 heures par semaine. Plus d'un tiers ne bénéficient pas des 24 heures obligatoires de repos hebdomadaires prévues par la loi hongkongaise. Le rapport appelle le gouvernement à revoir la loi, à améliorer les conditions de vie et de travail des domestiques et à pénaliser les agences qui exigent des sommes exorbitantes pour leurs services.

Autre terrain de lutte: l'obligation faite aux domestiques d'habiter chez leur employeur et de quitter Hong Kong dans les deux semaines après la fin d'un contrat. Pour le Centre de la justice, ces deux dispositions doivent être annulées.

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