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Vidéo Chine : "Xi Jinping est nettement moins populaire qu'il y a une dizaine d'années"

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Article rédigé par franceinfo
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Les Chinois "sont extrêmement fatigués et doutent de son autorité, de sa légitimité", confie Dominique André, journaliste et ancienne correspondante en Chine, au sujet de Xi Jinping. 

Xi Jinping a présenté son bilan, dimanche 16 octobre, dans son discours d'ouverture du congrès du Parti communiste chinois (PCC) à l'issue duquel il doit être reconduit pour un troisième mandat de cinq ans au poste de secrétaire général. Quelle stratégie Xi Jinping envisage-t-il pour les cinq années à venir ? Lors de son discours d'ouverture, le secrétaire général du Parti a justifié sa stratégie "zéro Covid" et fait de la réunification de Taïwan sa priorité. Le processus pacifique est privilégié, mais Xi Jinping admet que "la Chine ne renoncera jamais à l'usage de la force" si nécessaire.

>> Taïwan, crise climatique, Covid-19… Ce qu'il faut retenir du discours du président chinois, Xi Jinping, en ouverture du congrès du Parti communiste chinois

À son arrivée au pouvoir en 2012, Xi Jinping "bénéficie d'une certaine côte auprès des Chinois, notamment quand il lance sa campagne anti-corruption", estime Dominique André, journaliste et ancienne correspondante en Chine, invitée du Talk franceinfo sur Twitch, mercredi 19 octobre. "Et peu à peu, sa politique extrêmement sévère, qui aujourd'hui tourne au totalitarisme, fait que les gens sont extrêmement fatigués et doutent de son autorité, de sa légitimité", poursuit la journaliste.

"Les Chinois sont assez fatigués depuis ces deux dernières années, la lutte contre le Covid-19 et cette politique de tolérance zéro est devenue assez insupportable pour les Chinois. Aujourd'hui, Xi Jinping est nettement moins populaire qu'il y a une dizaine d'années."

Dominique André, ancienne correspondante en Chine

à franceinfo

Quelques jours avant le début du congrès, un fait rarissime s'est produit à Pékin : un manifestant a affiché deux banderoles contre le régime de Xi Jinping. Sur le pont Sitong, au nord-ouest de la capitale chinoise, un homme a fait brûler des pneus et affiché deux banderoles. Sur la première, il est écrit : "Nous ne voulons pas de tests Covid, nous voulons manger ; nous ne voulons pas de confinement, mais être libres, pas de mensonge, mais la dignité (...) Ne plus être des esclaves pour être des citoyens." La deuxième contient les inscriptions : "Étudiants, travailleurs, peuple (...) destituez le dictateur Xi Jinping."

En Chine, des centaines de comptes du réseau social WeChat ont ensuite été désactivés, voire supprimés, pour avoir fait référence à ces banderoles. "C'est quelque chose d'absolument inouïe de qualifier Xi Jinping de dictateur et de traître en plein coeur de Pékin, c'est absolument incroyable", assure Dominique André. "Je n'aurais jamais pensé voir ça dans la Chine moderne, c'est ahurissant, abonde le journaliste Zhifan Liu. Cette banderole a été déployée dans le nord de Pékin, là où il y a les universités les plus prestigieuses de Chine. Ce qui est intéressant c'est que dans plein d'universités de campus chinois, on retrouve des slogans dans les toilettes. On a retrouvé des graffitis, et ça se propage aussi sur les campus à l'étranger."

Pour autant, Zhifan Liu tempère : "Je pense que le pouvoir chinois a perdu en légitimité avec cette politique du zéro Covid, mais je pense aussi qu'avec ce qui s'est passé à Shanghai, la colère des Shanghaiens s'est dirigée vers les autorités de Shanghai. Xi Jinping est passé entre les mailles du filet."

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