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Biélorussie : inquiétudes autour de l'état de santé de Maria Kolesnikova, opposante au régime Loukachenko emprisonnée depuis 1 000 jours

Arrêtée en 2020, après avoir protesté contre l’élection frauduleuse du dictateur biélorusse Alexandre Loukachenko, l’opposante Maria Kolesnikova a été condamnée à 11 ans de prison. Aujourd'hui sa santé se dégrade et sa famille n'a plus de nouvelle depuis quatre mois.
Article rédigé par Virginie Pironon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Maria Kolesnikova au moment de son procès en le 6 September 2021 à Minsk. (RAMIL NASIBULIN / BELTA)

Dimanche 4 juin 2023, cela fait 1 000 jours que Maria Kolesnikova croupit dans les geôles de Biélorussie. Arrêtée en 2020, à la suite de l’élection frauduleuse du dictateur Alexandre Loukachenko, l’opposante s’était fait connaître par un geste spectaculaire. Alors que les services du KGB, les services spéciaux biélorusses, tentaient de l’expulser du pays, elle avait sauté par la fenêtre du véhicule et déchiré son passeport. Après avoir subi une opération cet hiver, la santé de l’opposante ne cesse de se dégrader, et depuis quatre mois, sa famille n’a plus aucune nouvelle.

>>> Biélorussie : l'opposante Maria Kolesnikova condamnée à 11 ans de prison

Terminées les visites, les appels téléphoniques, et les courriers pour celle qui a écopé de 11 ans de prison pour "complot contre le pouvoir" après les manifestations historiques contre l'élection truquée du dictateur Loukachenko en 2020. Depuis le mois de mars de cette année, Maria Kolesnikova a été placée à l’isolement, explique sa sœur, Tatsiana Khomitch. "C'est une sorte de cellule pour punir les prisonniers. La personne y est seule. Parfois, elles sont plusieurs. Les conditions sont plus strictes. Ça veut dire que toute la journée, elle est enfermée dans ce cachot." 

"Elle ne peut sortir marcher qu'une fois par semaine et n'a droit qu'à une douche par semaine. Bien sûr, elle ne travaille plus"

Tatsiana Khomitch, la sœur de Maria Kolesnikova

à franceinfo

Opérée d'un ulcère perforé au mois de décembre, l'opposante aurait perdu quinze kilos et ne peut pas bénéficier de tous les médicaments ainsi que des soins adéquats. Un cas qui est loin d'être isolé. 

La pression s'accentue sur les opposants politiques

Le mentor en politique de Maria Kolesnikova, l'ancien candidat à la présidentielle Victor Baricco, lui, aurait été battu dans sa cellule. Ses proches ne savent pas dans quelle prison il a été transféré. La Biélorussie compte aujourd'hui plus de 1 500 prisonniers politiques et se renseigner sur leur sort devient de plus en plus difficile. Anaïs Marin est la rapporteuse spéciale de l'ONU sur les droits de l'homme en Biélorussie. "Personne ne rentre dans les prisons du pays, hormis les avocats parfois, lorsqu'ils sont autorisés à rentrer, parfois, on leur répond que le prisonnier n'a pas demandé ou n'a pas cherché à le voir, donc il n'y a aucune raison de venir lui rendre visite. Traditionnellement, le mandat que j'exerce pour l'ONU travaillait avec SNAC, une organisation de défense des droits de l'homme très réputée très sérieuse en Biélorussie. Malheureusement, l'essentiel de ses membres ont été arrêtés. On peut penser par exemple à Alès Bialiatski, prix Nobel de la paix, qui est en détention depuis deux ans. Tous les autres, "les personnes" qui nous servaient de contact et qui pouvaient joindre les familles de façon discrète sans les mettre en danger, ont, elles même été contraintes de fuir pour échapper à des détentions arbitraires."

Cette experte de l’ONU affirme avoir reçu de nombreuses allégations de cas de tortures sur les prisonniers politiques biélorusses.Les placer à l’isolement serait une façon de dissimuler les preuves.

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