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Pakistan : la charia n’impose pas le voile intégral aux femmes

Le Conseil d’idéologie islamique (CII) a rendu un avis inhabituel, selon lequel la loi islamique n’oblige pas les femmes à porter le voile intégral, ni à se couvrir les pieds et les mains. Muhammad Khan Sheerani, président de l'institution, leur a toutefois recommandé de se «couvrir» le reste du corps pour «éviter les menaces ou les actes de malversations», sans donner plus de d'explications.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le Conseil d'idéologie islamique au Pakistan estime que la chiaria n'oblige pas les femmes à porter le niqab. (AFP PHOTO / A MAJEED)

L’avis émis, le 19 octobre 2015, par la principale autorité religieuse au Pakistan a été salué par les associations de défense des droits de l’Homme. Une militante, Farzana Barri, estime que la recommandation des théologiens pakistanais du CII de ne pas obliger les femmes musulmanes à se couvrir le visage est «encourageante». «Le clergé semble avoir compris que sa légitimité était mise en cause, et la décision est destinée à redorer son image», selon elle.

Les recommandations du Conseil avaient été critiquées en 2014 lorsque celui-ci avait demandé au gouvernement d'abolir la loi nterdisant des mariages d'enfants, la jugeant non conforme à l'islam. Cette décision avait alors provoqué l'émoi des associations de défense des droits de l'Homme et suscité un tollé international.

Le blasphème, sujet ultrasensible
«Les dignitaires conservateurs sont sur la défensive, regardez la décision de la Cour suprême concernant la loi sur le blasphème, cela encourage des membres du clergé à prendre la parole et évoquer une réforme de cette loi», a souligné Mme Barri.

Le blasphème contre l'islam est un sujet ultrasensible au Pakistan, république islamique de 200 millions d'habitants, où de simples accusations peuvent conduire une foule à lyncher des suspects. Cette loi prévoit la peine de mort pour les personnes dénigrant le prophète Mahomet et la prison à vie pour celles qui brûlent le Coran. Elle vise des musulmans mais aussi des ahmadis, une minorité qui dit appartenir à la religion musulmane mais qui est considéree comme apostate au Pakistan, et des chrétiens
 

Asia Bibi, chrétienne pakistanaise mère de cinq enfants, est devenue en 2010, la première femme condamnée à mort pour blasphème dans ce pays.

La Cour suprême a récemment confirmé la peine de mort infligée à Mumtaz Qadri, assassin d'un homme politique qui s'était dit favorable à une réforme de la loi controversée sur le blasphème. Ce verdict historique a été salué par les modérés comme une victoire contre l'extrémisme religieux.

Fondé en 1962, le CII s'assure de la conformité des lois du pays avec la charia, loi islamique. Dans son dernier avis, Muhammad Khan Sheerani a «conseillé aux femmes de respecter la morale et d'avoir une attitude modeste en société», a indiqué à l'AFP un porte-parole de l'institution. Sa décision intervient alors que des voix s'élèvent dans le pays de la part de femmes conservatrices qui ne souhaitent pas se dévoiler sur les photos d'identité.

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