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L'Australie cherche des pays candidats pour accueillir ses migrants indésirables

Canberra, dont la politique d'immigration est extrêmement restrictive, recherche des pays candidats pour relocaliser les 1.500 demandeurs d'asile sur son sol. Après l'échec de l’accord conclu avec le Cambodge, en 2015, l'Australie serait en discussion avec l'Indonésie, la Malaisie et les Philippines pour y envoyer des migrants, selon certains médias.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Quatre des six migrants du Bangladesh attendent, le 8 mars 2016, au poste de police à Kupang (Indonésie). (GAMALIEL / AFP)

Partis d'Indonésie pour tenter la périlleuse traversée vers l'Australie, six Bangladais ont été secourus in extremis par la marine australienne. «Après plusieurs jours, le navire des douanes australiennes a pénétré dans les eaux indonésiennes et transféré les hommes sur un bateau de pêche indonésien», a expliqué le 8 mars 2016, à l’AFP, le chef de police de Kupang, ville de l’île de Timor.

Ce dernier a précisé que les pêcheurs avaient reçu du carburant et une aide logistique en échange du transport des six migrants jusqu’aux petites îles de la Sonde d’où ils venaient.

Depuis 2013, Canberra s'est doté d'un arsenal législatif draconien à l'encontre des réfugiés qui tentent de se rendre sur l'île-continent. Les bateaux de migrants sont systématiquement refoulés en haute mer et les demandeurs d'asile qui réussissent à atteindre les rives australiennes sont aussitôt transférés dans des centres de rétention à Nauru, micro-Etat insulaire du Pacifique, sur l'île de Manus, territoire de Papouasie-Nouvelle-Guinée ou sur l'île Christmas, dans l'Océan indien, en attendant que leur demande d'asile soit examinée.

Quelque 1.459 demandeurs d’asile
Une fois installés dans ces camps, qualifiés de dangereux et insalubres par des organisations de défense des droits de l'Homme, les migrants n’ont plus le droit demander l’asile en Australie.

L’Australie serait en négociation avec l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines et trois autres pays d’Asie du Sud-Est pour tenter de réinstaller quelque 1.459 demandeurs d’asile en échange d'une aide financière. C'est ce qu'a rapporté, le 20 février 2016, le Sydney Morning Herald, évoquant trois autres pays du Sud-Est asiatique, sans les nommer. 


L'Australie, dont la politique d'asile est critiquée par les Nations unies et les alliés occidentaux de Canberra, a déjà tenté de passer plusieurs accords avec des pays de la région. Celui qu'elle a signé en 2015 avec le Cambodge, contre une aide au développement de 15 millions de dollars australiens (10 millions d’euros) n'a pas été concluant. Seuls deux migrants sur quatre sont restés dans ce pays d'Asie du Sud-Est après y avoir passé moins d'un an: un Iranien et un membre de la minorité musulmane des Rohingyas, persécutée en Birmanie.

Echec de l'accord avec le Cambodge 
A l'inverse, deux réfugiés iraniens ont préféré rentrer en Iran. «Les réfugiés peuvent décider de rentrer dans leur pays d'origine à tout moment, et c'est ce qu'a fait un couple d'Iraniens installés au Cambodge», a expliqué Peter Dutton du ministère de l'Immigration australien.

L'Organisation internationale pour les migrations (OIM), chargée de superviser la réinstallation des réfugiés dans la capitale Phnom Penh, a confirmé qu'elle n'avait pas touché la totalité de la somme «étant donné le faible nombre de réfugiés venus de Nauru pour l'heure»

Selon Tan Sovichea, responsable de l'immigration cambodgienne, aucune discussion n'est en cours avec Canberra en vue d'un arrêt du programme d'accueil. «Nous continuerons à recevoir les réfugiés qui le veulent. Il n'y a pas de suspension du programme», a-t-il déclaré à l'AFP, se refusant à dire combien d'argent Phnom Penh avait déjà reçu.

L'ONG Human Rights Watch avait quant à elle déploré l'envoi de ces «cobayes» vers un pays réputé pour son non-respect des droits de l'Homme.

En 2011, la Haute Cour australienne avait invalidé un accord avec la Malaisie, pays non signataire de la convention des Nations unies sur les réfugiés.

Jusqu'à 15 ans de prison 
Les deux membres d'équipages indonésiens, qui accompagnaient les six Bangladais secourus par les Australiens, ont été placés en détention provisoire et risquent jusqu'à 15 ans de prison. Le chef de l'embarcation, Isai Rano, aurait touché 92 millions de roupies, soit 6.300 euros, de la part des migrants bangladais pour les acheminer sur le territoire australien.

En novembre 2013, le gouvernement indonésien avait empêché une première tentative de l'Australie de renvoyer des embarcations avec des migrants à bord.

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