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Cambodge: recrutés par la police, des enquêteurs civils traquent les pédophiles
Les abus sexuels sur des mineurs sont très répandus en Asie du Sud-Est et notamment au Cambodge. Pour arrêter les touristes pédophiles, la police cambodgienne fait appel à des «enquêteurs civils». Leur rôle consiste à prendre en filature et surveiller des suspects afin de recueillir des preuves convaincantes pour les faire condamner au Cambodge ou dans leur pays.
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«Quand nous avons un suspect, nous envoyons nos agents pour surveiller les alentours, pour suivre tous mouvements ou activités jugés supects», explique un chef de réseau d'enquêteurs civils à Siem Reap, localité touristique du centre du Cambodge. Membre de l'association Action pour les enfants (APLE), il souligne avoir déjà procédé à des dizaines de planques pour aider la police dans sa traque des pédophiles.
Plus de 70 ONG locales et internationales ont publié une étude, le 12 mai 2016, pour dénoncer un «phénomène tenace qui ronge la région depuis plusieurs décennies». Depuis les années 80, le Cambodge, classé parmi les pays les plus corompus et les plus pauvres, est devenu une destination touristique et une plaque tournante du tourisme sexuel ciblant notamment les enfants des rues.
En 2015, les investigations d'APLE ont débouché sur l'arrestation de quelque 22 pédophiles et leurs complices dont la moitié sont des Cambodgiens et l'autre des étrangers. «Même si la situation s'améliore, la lutte est loin d'être terminée», estime Khoem Vando, responsable de cette ONG.
Des dizaines d'arrestations depuis 2003
Des scandales secouent régulièrement le pays. Le 10 février 2016, la justice cambodgienne a condamné le directeur d'un orphelinat de Phnom Penh, un ancien responsable d'APLE, à trois ans de prison pour avoir abusé sexuellement de 11 mineurs de son établissement. Celui-ci a fermé en raison de cette cette affaire et une soixantaine d'enfants ont dû être replacés dans d'autres centres.
Depuis le lancement en 2003 d'une campagne destinée à corriger son image de pays refuge pour pédophiles, des dizaines d'étrangers ont été emprisonnés pour des crimes sexuels sur mineurs ou expulsés dans leur pays d'origine pour être jugés.
Cambodge: le délinquant sexuel David Graham (violeur d'enfants des rues) a été emprisonné à Old Bailey en Angleterre pic.twitter.com/D2bm24Fk7w
— Carl Sigmund (@SigmundCarl) May 21, 2013
Le Parsien révélait récemment le cas d'un Français, originaire de Douai (Nord), interpellé en France. L'homme est soupçonné d'avoir violé plusieurs enfants, lors de voyages humanitaires au Cambodge et au Népal, entre 2013 et 2015.
Mais la tâche des enquêteurs se complique avec Internet qui rend les délinquants sexuels moins facilement repérables sur place. Ces individus sont pour une grande part des ressortissants de pays asiatiques, a expliqué à l'AFP un membre d'une ONG à Bangkok souhaitant garder l'anonymat.
Les ONG s'alarment du sort des milliers d'enfants des rues au Cambodge. Outre le manque d'hygiène, de nourriture, les problèmes de santé qui touchent ces milliers d'enfants, ce sont les premières victimes du tourisme sexuel.
Distribution de repas à des enfants des rues au Cambodge…
— Coeur&act (@CoeurandAct) October 7, 2014
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