Birmanie : des milliers de manifestants dans les rues malgré la peur des représailles de la junte militaire
Les contestataires exhortent la junte à rendre le pouvoir et demandent la libération d'Aung San Suu Kyi, qui fait face à une nouvelle inculpation.
La mobilisation ne faiblit pas en Birmanie. Les manifestants opposés au coup d'Etat de la junte contre Aung San Suu Kyi se sont à nouveau réunis mercredi 17 février à Rangoun, la capitale économique du pays. Des milliers de personnes ont envahi les rues, malgré la crainte d'une escalade des violences. Pour tenter d'empêcher les forces de sécurité de se déployer, des contestataires ont bloqué plusieurs axes avec des voitures, prétendant qu'elles étaient tombées en panne.
Les manifestants ont ensuite marché vers le centre-ville, répondant à l'appel à manifester en masse pour exhorter la junte à rendre le pouvoir et demander la libération d'Aung San Suu Kyi, qui fait face à une nouvelle inculpation. La cheffe du gouvernement déchue est "en bonne santé", selon la junte, qui assure la maintenir assignée à résidence pour sa sécurité.
Des centaines d'arrestations
Pour le moment, aucune présence significative de militaires et de véhicules blindés n'était visible, d'après des journalistes de l'AFP. Mais le rapporteur des Nations unies Tom Andrews craint un regain de violences après avoir été informé de l'envoi de soldats "depuis des régions périphériques vers Rangoun" : "Dans le passé, de tels mouvements de troupes ont précédé des meurtres, des disparitions et des détentions à grande échelle."
Interdiction des rassemblements, coupures internet, interpellations nocturnes, renforcement de l'arsenal législatif : les militaires n'ont cessé de durcir le ton depuis leur coup d'Etat du 1er février qui a mis fin à une fragile transition démocratique de 10 ans. Et la peur des représailles est dans tous les esprits dans le pays où les derniers soulèvements populaires de 1988 et de 2007 ont été réprimés dans le sang.
Plusieurs manifestations ont déjà donné lieu à de fortes tensions. Les forces de l'ordre ont tiré à plusieurs reprises, des gazs lacrymogènes, des balles en caoutchouc ou avec des lance-pierres, faisant plusieurs blessés. Au total, plus de 450 personnes ont été arrêtées depuis le 1er février, d'après une ONG d'assistance aux prisonniers politiques. 417 sont toujours en détention. Des rapports non confirmés font état d'interpellations supplémentaires.
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