: Reportage "Il n'y a pas d'aide, pas d’eau à boire" : en Haïti, le désespoir des sinistrés du séisme
Depuis que l’île a été frappée par un puissant séisme le 14 août, les rescapés se sentent abandonnés. franceinfo a pu se rendre sur place, dans la ville des Cayes.
Dans le trajet de l'aéroport au centre-ville des Cayes, en Haïti, la détresse se voit, elle s'entend aussi. Une radio locale diffuse des messages laissés par les auditeurs. "Il n'y a pas d'aide, pas d’eau à boire, traduit Fabrice, le chauffeur du taxi. Tout est sale, tout est encombré, personne de l'État n'est venu aider", raconte ainsi à la radio un sinistré du séisme qui a frappé Haïti le 14 août, tuant près de 2 000 personnes et en blessant près de 10 000, selon un dernier bilan daté du 17 août.
"L'église est tombée, beaucoup d’enfants sont morts", poursuit le témoin. Le taxi passe devant l'église totalement affaissée. La plupart des bâtiments ici sont de guingois quand ils ne sont pas à terre. Dans la boue et les gravats, des hommes et des femmes nettoient comme ils peuvent.
Un manque de produits de première nécessité
L'hôpital des Cayes s’est transformé en dortoir. "C'est à l'hôpital que j'ai passé tout le temps", témoigne Rosanne, qui semble un peu hébétée. Elle n'a plus de maison et dort dans la cour du bâtiment dehors, tout comme Jean-Denis, dont le garçon a trois ans. Le visage tuméfié, l’enfant regarde Mathilde, une jeune femme accroupie au milieu des poulets et des flaques d'eau croupie. "Je suis en train de laver les draps pour nous et pour l’hôpital", explique-t-elle. Elle n’a ni savon, ni lessive. "Il faut sortir pour en acheter et c'est difficile d'en trouver", précise-t-elle. Tous craignent des répliques du séisme.
"Nous avons grandement besoin également de médicaments pour la douleur."
Arcelius Améthyste, administrateur de l'hôpital des Cayesà franceinfo
Les produits de première nécessité sont rares. "Nous avons besoin du matériel pour faire les attelles", indique Arcelius Améthyste, l'administrateur de l'hôpital, qui renouvelle un appel à l'aide. La pharmacie que vous voyez là est vidée. Au fur et à mesure que nous recevons les dons, nous les donnons, ce que nous avions est déjà utilisé, nous en avons besoin davantage." Seul soulagement pour l'hôpital, la tempête tropicale a été moins forte que prévu et des évacuations sanitaires vers Port-au-Prince ont pu être effectuées par avion.
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