Salvador: béatification de Mgr Romero, l'archevêque des «sans voix»
En attendant sa béatification, le 23 mai 2015, les fidèles n’ont cessé de fleurir la crypte de celui qu'on surnomme l'«archevêque des sans voix», au sous-sol de la cathédrale de San Salvador. Le fait que le Vatican l'ait reconnu, le 3 février 2015, «martyr» de l'Eglise dispense cette dernière de lui imputer un miracle pour le béatifier, car tué «en haine de la foi».
Un mois après son élection, en mars 2013, le pape François avait relancé cette procédure au point mort. Une partie plus conservatrice de la curie s'y opposait craignant, explique La Croix, de voir ainsi légitimer l’action politique des opposants à la dictature militaire. Archevêque modéré, Mgr Romero n'appartenait pas au courant plus politisé de la «théologie de la libération».
La Congrégation pour les causes des Saints a dû «déterminer s'il a été assassiné pour des causes politiques ou idéologiques ou s'il a été un martyr en raison d'une haine à la foi, c'est pourquoi cela a pris du temps, dix ans (2000-2010)», explique Rafael Urrutia. Ce prêtre avait défendu la cause du prélat auprès de l’Eglise dès 1990.
Défenseur des pauvres
Né en 1917, Oscar Romero, proche de l’Opus Dei, devient archevêque de San Salvador en 1974. L’assassinat de son ami jésuite Rutilio Grande, en 1977, le pousse à s’engager activement dans la dénonciation des assassinats et dans la défense des pauvres. La population du petit Etat du Salvador subit alors des exactions commises tant par la junte au pouvoir que par les groupes paramilitaires d’extrême droite.
Lors de ses funérailles dans la Cathédrale de San Salvador, le 30 mars 1980, plus de 100.000 fidèles avaient été dispersés par des tirs des soldats causant plusieurs dizaines de morts. S’en est suivi une guerre civile de douze ans qui a provoqué la mort de 75.000 personnes et la disparition de 7000 autres.
«Guide spirituel de la nation»
Le 24 mars 2010, le président de gauche, Mauricio Funes, avait demandé pardon au nom de l'Etat pour ce meurtre et déclaré Mgr Romero «guide spirituel de la nation». Récemment, l'actuel président Salvador Sanchez Cerén a demandé: «Que signifie pour le Salvador et le monde la béatification? Cela signifie que la vérité et la justice sociale vont maintenant être présentes dans la vie du Salvador».
L'évêque auxiliaire de San Salvador, Gregorio Rosa Chavez, qui fut un proche collaborateur de Mgr Romero, a, quant à lui, promis que la cérémonie de béatification serait «un jour inoubliable, une fête planétaire».
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