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Chili : quatre choses à savoir sur Gabriel Boric, le candidat de gauche élu président

Ancien syndicaliste étudiant, défenseur de la justice sociale et de l'Etat-providence, l'homme politique de 35 ans signe une victoire historique depuis le retour de la démocratie dans le pays en 1990.

Article rédigé par Pierre-Louis Caron
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Gabriel Boric fête sa victoire à l'élection présidentielle le 19 décembre 2021 à Santiago (Chili). (CRIS SAAVEDRA VOGEL / ANADOLU AGENCY / AFP)

Le Chili a choisi son nouveau président. Le candidat de gauche Gabriel Boric remporté l'élection présidentielle, dimanche 19 décembre, avec 56% des voix face à son rival d'extrême droite, José Antonio Kast. A 35 ans, Gabriel Boric devient le plus jeune président de l'histoire du pays. Il incarne surtout le retour d'une gauche plus radicale après trente ans d'alternance entre les partis historiques de centre gauche et de centre droit. Franceinfo brosse le portrait de cet homme politique qui promet le renouveau social à un Chili exsangue.

1Il a débuté comme syndicaliste étudiant

Originaire de Punta Arenas, à la pointe sud du Chili, Gabriel Boric s'engage en politique pendant ses études de droit à Santiago, la capitale. Il fait ses armes comme élu étudiant et membre du mouvement de gauche radicale Izquierda Autónoma ("Gauche autonome", en français). Gabriel Boric participe activement à la mobilisation étudiante de mai 2011 pour réclamer l'université gratuite pour tous. Son engagement l'emmènera à la tête de la Fédération des étudiants du Chili (Fech), vivier de futurs élus politiques.

Fin 2013, alors qu'il n'est âgé que de 27 ans, Gabriel Boric est élu député sans étiquette dans sa région d'origine. Il consacre son mandat à la défense des droits de l'homme, à la lutte contre les conflits d'intérêts et à la réduction des indemnités parlementaires. Il est réélu député en 2017, cette fois dans un district de la métropole de Santiago.

2Il a milité pour réécrire la Constitution chilienne

Fin 2019, alors que le Chili s'embrase à cause du coût de la vie, Gabriel Boric se fait l'artisan d'un projet réclamé de longue date : la réécriture de la Constitution chilienne, héritage de la sanglante dictature du général Augusto Pinochet (1973-1990).

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Pour cela, il signe des accords de principe avec ses opposants, des parlementaires du centre gauche et même de droite, qui débouchent sur l'organisation d'un référendum un an plus tard. Le 25 octobre 2020, les Chiliens plébiscitent à une large majorité (78,28%) la rédaction d'une nouvelle loi fondamentale. Le texte fait actuellement l'objet d'âpres débats et doit être soumis à un nouveau référendum fin 2022.

3Sa candidature a été soutenue par une large coalition de gauche

Issu de la gauche radicale, Gabriel Boric a pu compter sur l'adhésion d'anciens rivaux lors d'une campagne électorale mouvementée. Sa victoire à la primaire de gauche, le 18 juillet 2021, créé la surprise, car Boric termine loin devant le communiste Daniel Jadue, donné favori. "N'ayez pas peur de la jeunesse pour changer ce pays", déclare-t-il alors. A l'issue de cette primaire, il se présente officiellement sous la bannière de la coalition Apruebo Dignidad ("J'approuve la dignité" en français), un rassemblement très large des partis et mouvements de gauche.

Rangés derrière le candidat trentenaire, on retrouve les anciens leaders étudiants de la Révolution démocratique, la gauche aussi bien libertaire que chrétienne, mais aussi le Parti communiste chilien, les écologistes de la Fédération régionaliste verte et sociale (Frevs) ou encore des figures de centre gauche, comme l'ancienne présidente Michelle Bachelet. Une coalition pour le moins hétéroclite mais soudée face à la montée de l'extrême droite dans le pays, arrivée en tête au premier tour du scrutin.

4Son programme est avant tout social-démocrate

Gabriel Boric a promis aux Chiliens une série de réformes sociales : la création d'un système de santé universel ainsi que la mise en place d'un régime public pour les retraites, afin de remplacer le système actuel de capitalisation privée. Pour financer ces futurs services publics, Gabriel Boric entend augmenter les impôts sur les grandes fortunes. Une mesure forte dans un pays parmi les plus inégalitaires au monde, selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (PDF en anglais).

Après sa victoire, dimanche, Gabriel Boric a assuré qu'il défendrait ces nouveaux droits sociaux, tout en restant "fiscalement responsable", répondant ainsi aux inquiétudes concernant l'augmentation des dépenses publiques.

Outre le développement d'un Etat-providence, Gabriel Boric défend des réformes sociétales, en lien avec les luttes féministes très vives au Chili, et le mariage des couples homosexuels, qui sera autorisé dans le pays à partir du 10 mars 2022. Le même mois, le trentenaire prendra officiellement ses fonctions présidentielles, succédant au milliardaire de 72 ans Sebastian Piñera.

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