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Intensité, inondations, réchauffement climatique... On vous explique pourquoi Dorian est un ouragan exceptionnel

L'ouragan se rapproche lundi de la côte est des Etats-Unis, après s'être abattu sur les Bahamas avec des pluies torrentielles et des vents frôlant les 300 km/h.

Article rédigé par franceinfo
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Une route près de la plage à l'approche de l'ouragan Dorian à Nassau, aux Bahamas, le 1er septembre 2019. (LUCY WORBOYS / AFP)

Des vents moyens qui frôlent les 300 km/h et des pluies torrentielles. L'ouragan Dorian fait toujours rage, lundi 2 septembre, dans les Bahamas, avec un niveau sans équivalent dans l'histoire de cet archipel des Caraïbes. Pour l'instant, aucun bilan n'a pu être communiqué (le décalage horaire est de 6 heures de moins par rapport à la France métropolitaine).

>> Ouragan Dorian : suivez en direct l'évolution de la situation aux Bahamas

"Nous sommes face à un ouragan (...) comme nous n'en avons jamais vu dans l'histoire des Bahamas", a déclaré le Premier ministre bahamien Hubert Minnis, lors d'une conférence de presse où il a fondu en larmes. "C'est probablement le jour le plus triste de ma vie", a-t-il ajouté. 

Alors que le cyclone poursuit sa trajectoire incertaine vers les Etats-Unis, où les autorités ont ordonné l'évacuation préventive de centaines de milliers de personnes dans les régions côtières, franceinfo vous explique en quoi Dorian est exceptionnel.

Il est de catégorie 5, le niveau le plus élevé

En météorologie, les scientifiques classent les ouragans de 1 à 5 sur l'échelle dite de Saffir-Simpson, permettant de décrire l'intensité des tempêtes. L'ouragan Dorian appartient à la catégorie 5, la plus élevée. Surveillé depuis le 23 août alors qu'il longeait les côtes sud-américaines, Dorian n'a fait que se renforcer et il est passé du statut de dépression tropicale à celui de tempête tropicale, puis d'ouragan de catégorie 1, 2, 3, 4... jusqu'au niveau 5, atteint dimanche. "Des eaux très chaudes et un environnement atmosphérique de grande échelle favorable (faible cisaillement, c'est-à-dire faible variation des vents avec altitude) ont permis à Dorian de se développer jusqu'au monstrueux stade 5", explique à franceinfo Olivier Proust, prévisionniste à Météo France.

C'est le cinquième ouragan de cette catégorie à s'être formé dans l'Atlantique ces quatre dernières années. D'après cette classification, les ouragans de catégorie 5 génèrent des vents continus supérieurs à 252 km/h. Ceux de l'ouragan Dorian ont frôlé les 300 km/h, un niveau sans équivalent dans l'histoire des Bahamas, selon le Centre national des ouragans américain (NHC). Des rafales de 360 km/h ont même été enregistrées, selon un bulletin de Météo France publié lundi matin. Ce dernier estime que Dorian a égalé le record de 1935 au moment de toucher terre.

Il est inédit, mais dans un certain cadre. Car la machine atmosphérique a toujours su fabriquer de tels monstres.

Olivier Proust

à franceinfo

"L'ouragan Dorian est un peu plus fort qu'Irma et équivalent au Labor Day, cyclone record de 1935, mais un peu moins fort qu'Allen en 1980", poursuit Olivier Proust. Il y a 39 ans, l'ouragan Allen avait été classé en catégorie 5 à trois reprises. La vitesse du vent moyen avait atteint 305 km/h. Au total, 290 personnes avaient été tuées et des dommages considérables avaient été constatés, principalement aux Etats-Unis et à Haïti. Irma est un autre ouragan de catégorie 5, qui a dévasté les Caraïbes et le sud des Etats-Unis en septembre 2017. Mais le plus meurtrier reste, à ce jour, l'ouragan Katrina, également de catégorie 5, qui a provoqué la mort de plus de 1 800 personnes aux Etats-Unis en 2005.

Il s'accompagne d'inondations dévastatrices

Ce type d'ouragan peut s'accompagner de pluies torrentielles et de catastrophiques montées des eaux, provoquant des inondations semblables à des tsunamis lorsqu'ils frappent les côtes. Une surélévation du niveau de la mer se produit en effet au passage de l'ouragan. "Avec Dorian, des vagues de 5 à 7 m de hauteur sont prévues sur Grand Bahama, alors que l'île culmine à 12 m. On s'attend à des inondations exceptionnelles sur ces zones très plates et donc vulnérables", alerte Olivier Proust.

C'est également ce qui inquiète aux Etats-Unis. "Même dans le cas où l'œil de l'ouragan resterait en mer, des impacts importants sont attendus en Floride, compte tenu de l'étendue de l'ouragan et de la lenteur avec laquelle il se déplace (11 km/h) : vents violents, pluies torrentielles et inondations, dangereuse montée des eaux côtières, tornades", alerte ainsi sur son site internet le consulat général de France à Miami, qui précise que "la montée des eaux côtières est le principal risque induit par les ouragans".

Des inondations aux conséquences désastreuses qui restent dans l'histoire. Ainsi, en 2018, l'ouragan Florence, moins puissant car rétrogradé en catégorie 1 avant de toucher les Etats-Unis, avait toutefois charrié des pluies diluviennes dans des terres déjà gorgées d'eau en Caroline du Nord, Caroline du Sud et dans l'ouest de la Virginie. Conséquence : il avait causé des inondations et laissé plus de 480 000 foyers sans électricité.

Et avec le réchauffement climatique, il ne sera pas le dernier 

Les scientifiques estiment depuis longtemps que le réchauffement climatique va rendre à l'avenir les tempêtes tropicales encore plus destructrices, une réalité d'ores et déjà visible, selon certains d'entre eux.

Le nombre de phénomènes cycloniques ne va pas augmenter, mais la proportion de ceux qui sont violents sera plus importante.

Olivier Proust

à franceinfo

Et le prévisionniste de continuer : "Avec un couple océan/atmosphère plus chaud, il y a un potentiel de précipitations plus important car l'air chaud peut emmagasiner plus de vapeurs d'eau". Autant de conditions qui permettent à l'activité cyclonique de s'intensifier, car l'humidité et la chaleur sont les deux moteurs qui alimentent les ouragans.

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