L'Equateur autorise l'exploitation de pétrole dans le parc de Yasuni
Ecologistes et associations indigènes protestent contre les forages prévus dans ce site classé parmi les réserves de biosphère de l'Unesco.
Entre la protection de la forêt amazonienne et les revenus du pétrole, l'Equateur a choisi. Le Parlement a approuvé, jeudi 3 octobre, l'exploitation pétrolière dans la réserve naturelle de Yasuni, projet polémique défendu par le président de gauche, Rafael Correa, mais contesté par les habitants indigènes de la région et les écologistes. Le projet d'exploitation des champs Ishpingo, Tambococha et Tiputini (ITT), un bloc pétrolier estimé à 920 millions de barils, a été déclaré d'"intérêt national".
Qu'est-ce que le parc de Yasuni ?
Le parc de Yasuni, dont le million d'hectares de forêt humide constitue une réserve mondiale de biodiversité, a été classé parmi les plus grandes réserves de biosphère du monde, par l'Unesco en 1989. Quelque 696 variétés d'oiseaux, 2 274 d'arbres, 382 de poissons, 169 de mammifères et des dizaines de milliers d'espèces d'insectes y vivent, précise Le Monde.
Pourquoi l'Equateur veut-il exploiter ce pétrole ?
Sans l'exploitation de ITT, le pays, où le taux de pauvreté s'établit à 23,7%, disposerait de réserves de pétrole pour seulement 11 ans, selon des analystes consultés par l'AFP. Les champs pétrolifères ITT représentent 20% des réserves de l'Equateur, plus petit membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), et sont situés à l'une des extrémités du parc.
Rafael Correa avait annoncé le 15 août son intention d'exploiter ces ressources, après l'échec d'une campagne mondiale qui visait à faire compenser, par des aides extérieures, la non-exploitation du gisement ITT, au nom de la protection de l'environnement. L'Equateur ne pouvait plus se passer de ce manque à gagner. Les autorités tablent sur 19 milliards de dollars de revenus additionnels sur les 20 prochaines années, dont la majeure partie sera destinée, selon le président, à la lutte contre la pauvreté, principalement en Amazonie.
Quels sont les risques pour l'environnement ?
L'Etat assumera l'exploitation de ITT, qui n'affectera officiellement que 1/1 000e de la surface du parc, où opèrent déjà depuis des décennies des compagnies comme l'espagnole Repsol. La compagnie pétrolière publique équatorienne Petroamazonas "devra respecter les plus hauts standards sociaux, technologiques et environnementaux", indique le texte approuvé par les parlementaires.
Dans sa résolution, le Parlement stipule aussi l'interdiction de développer des activités pétrolières dans la zone de protection des ethnies Tagaeri et Taromenane. "Au cas où seraient visibles des membres des communautés en isolement volontaire, les activités seraient suspendues jusqu'à l'application des politiques, protocoles et codes de conduite protégeant les droits à la vie et à l'auto-détermination des peuples", indique le texte.
Les défenseurs de l'environnement ne l'entendent pas de cette oreille. Malgré l'appui au projet de 56% des Équatoriens, selon un sondage privé, Rafael Correa fait face à une sévère opposition de la part de groupes indigènes et écologistes. Selon eux, l'augmentation de l'activité pétrolière dans le parc aura un impact environnemental très élevé et mettra en danger la survie des ethnies qui vivent en isolement volontaire dans le parc de Yasuni. "Ils vont ouvrir la voie à un ethnocide à Yasuni !", a averti la députée indienne d'opposition Lourdes Tiban au cours du débat au Parlement.
Quel recours pour les opposants au projet ?
Lourdes Tiban réclame un référendum. Pour cela, elle doit rassembler 600 000 signatures. En cas de victoire des opposants à l'issue d'un référendum, le résultat du scrutin s'imposerait à la décision prise par le Parlement, a estimé la député Soledad Buendia, chef de la majorité parlementaire.
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