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Hillary Clinton est-elle déjà la prochaine présidente des Etats-Unis ?

La populaire ex-secrétaire d'Etat occupe l'espace médiatique avec la publication de ses Mémoires, qui sonnent le lancement de sa campagne officieuse.

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5 min
L'ex-secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton participe à une conférence dans le Maryland (Etats-Unis), le 6 mai 2014. (PATRICK SMITH / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

La sortie de son livre, Hard Choices, semble lancer sa campagne. L'ancienne secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton n'a pas encore déclaré sa candidature à la primaire démocrate pour la présidentielle de 2016, mais la machine de guerre est bel et bien lancée.

Le comité de soutien Ready for Hillary a déjà levé près de six millions de dollars, les t-shirts à son effigie sont prêts et, depuis plusieurs semaines, Hillary Clinton sature l'espace médiatique aux Etats-Unis, à tel point qu'on pourrait croire, d'ici, que son élection à la Maison Blanche est assurée, deux ans et demi avant le scrutin. Faut-il déjà l'appeler Madame la Présidente ?

Oui, elle fait la course toute seule (pour l'instant)

Il n'y a qu'elle, ou presque. Hillary Clinton est la championne du Parti démocrate. Personne ne se déclarera avant elle et aucun prétendant ne semble apte, aujourd'hui, à lui barrer la route vers une candidature à l'élection présidentielle. Lorsque son nom est cité dans un sondage, les sympathisants la plébiscitent à plus de 60%. Quand elle n'apparaît pas, son concurrent le plus crédible, le vice-président des Etats-Unis, Joe Biden, plafonne à 37%* (PDF).

Depuis janvier, la non-candidate démocrate arrive en outre systématiquement en tête devant ses adversaires républicains, quel que soit l'institut de sondage et quel que soit l'adversaire. Début juin, elle devance encore l'étoile montante Marco Rubio de sept points.

Non, elle a déjà commis une première gaffe

"Hillary Clinton est la seule personne qui puisse arrêter Hillary Clinton", écrit le Washington Post. Car l'ancienne sénatrice peut trébucher sur la longue route de la campagne présidentielle. Alors qu'elle lance une grande tournée de promotion pour Hard Choices, ses Mémoires de secrétaire d'Etat, elle a d'ailleurs "commis la première gaffe de 2016", lâche Business Insider.

"Quand nous avons quitté la Maison Blanche, nous étions fauchés", a-t-elle révélé à la chaîne ABC, qui l'interrogeait sur les lucratives conférences qui ont rapporté des millions de dollars au couple Clinton ces dernières années. "Bill a travaillé très dur pour payer nos dettes, les taxes et pour acheter des maisons et prendre soin de la famille." L'emploi du pluriel au mot "maison" a de quoi choquer. "La plupart des Américains ne peuvent que rêver d'une telle richesse et Clinton pleure sur son sort", se moque le journaliste politique Jake Tapper, sur CNN.

Non, son bilan de secrétaire d'Etat est mitigé…

Aucun succès majeur, pas vraiment d'échec non plus. Le passage d'Hillary Clinton au département d'Etat américain, lors du premier mandat de Barack Obama, n'a rien de folichon. Elle n'a provoqué aucune avancée dans le conflit israélo-palestinien, ni dans les relations avec la Russie, ni dans la crise en Syrie. Elle a quitté son poste dotée d'une aura de rock-star internationale, mais l'image des Etats-Unis n'en a que très peu bénéficié.

Son virulent détracteur libertarien Wayne Allyn Root veut donc lui donner un surnom de circonstance, comme il l'explique sur le site The Blaze : Hillary "what difference does it make" Clinton (Hillary "quelle différence cela peut-il faire" Clinton). C'est ce qu'avait répondu l'ancienne secrétaire d'Etat à une question sur l'attaque de l'ambassade des Etats-Unis à Benghazi (Libye), en 2012, dans laquelle sont morts quatre Américains. Un drame dont Hillary Clinton est tenue pour responsable par les républicains.

Oui, car "ce n'est pas sa faute" (c'est celle d'Obama)

La grande majorité des observateurs de la vie politique lui trouvent une bonne excuse : Barack Obama. La presse américaine est quasi-unanime à ce sujet : depuis 2008, c'est à la Maison Blanche que les décisions de politique internationale sont prises. "Le pouvoir du gouvernement a décliné au point que la plupart des secrétaires d'Etat ne prennent aucune décision politique majeure", explique New Republic.

Dans Hard Choices, Hillary Clinton prend d'ailleurs soin de lister les sujets de désaccord avec le président des Etats-Unis : la démission forcée d'Hosni Moubarak en Egypte, le gel des colonies israéliennes, le retrait d'Afghanistan, Vladimir Poutine, la livraison d'armes à la rébellion syrienne ou encore l'Irak, liste le Washington Post. Une prise de distance habile, au vu des récents sondages, relayés par Time, selon lesquels les Américains sont de plus en plus sceptiques concernant la politique étrangère de Barack Obama.

Non, car sa santé pourrait (peut-être) la freiner

Certains de ses détracteurs la jugent ouvertement trop âgée. En 2016, Hillary Clinton aura 69 ans. Avant elle, seul Ronald Reagan a été élu à cet âge. Or, plus d'un tiers des Américains hésiterait à soutenir un candidat septuagénaire, selon un sondage du cabinet Pew Research. Mais, plus que son âge, sa santé pourrait peser sur sa candidature.

En décembre 2012, encore secrétaire d'Etat, Hillary Clinton avait été hospitalisée trois jours pour une commotion cérébrale provoquée par une chute, alors qu'elle souffrait déjà d'un virus à l'estomac. Le républicain Karl Rove la somme depuis de dire la vérité sur sa santé. La chaîne Fox News a même interrogé un ophtalmologiste au sujet des lunettes qu'Hillary Clinton portait en 2013. Ses verres correcteurs étaient doublés d'un prisme de Fresnel, équipement temporaire destiné à contrer un dédoublement de la vision.

Non, si l'on en croit les statistiques

Aucune femme n'a jamais été élue à la présidence des Etats-Unis, mais c'est un détail. L'élection d'Hillary Clinton serait un petit exploit du point de vue de l'alternance politique : prendre la suite d'un président démocrate ayant déjà effectué deux mandats entiers consécutifs. Cela ne s'est pas vu depuis 1837, quand Martin Van Buren a remplacé Andrew Jackson, détaille le Washington Post. Soit près de 180 ans avant l'hypothétique investiture d'Hillary Clinton. Depuis, chaque fois qu'un démocrate a terminé deux mandats, il a été remplacé par un républicain.

Oui, les Américains sont prêts à voter pour une femme

Et depuis longtemps. En 2007 déjà, l'institut Pew Research notait que 88% des personnes interrogées étaient prêtes à voter pour une femme. Quant à Hillary Clinton en particulier, "même ceux qui ne l'aiment pas reconnaissent qu'elle est qualifiée pour devenir présidente", analyse The Daily Beast. Le caractère historique et symbolique de sa candidature devrait en outre stimuler l'électorat démocrate.

* Tous les liens de cet article sont en anglais

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