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Argentine : un stérilet pour les vaches

Un vétérinaire d’une province de Buenos Aires a mis au point un stérilet pour vaches. Objectif: augmenter la production de viande en évitant les pertes dues à la gestation. Le gouvernement argentin a décidé de promouvoir l'utilisation de ce contraceptif inédit dont les premiers essais ont eu lieu il y a vingt ans.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La viande bovine, composante principale de l'alimentation en Argentine.  (MIGUEL MENDEZ / AFP)

Le dispositif intra-utérin pour bovins (DIUB) d'Enrique Turin, vétérinaire de Pergamino, est produit à l'échelle industrielle. «C'est un dispositif très bon marché, qui coûte 17 pesos (environ 2,25 euros). Il s'introduit dans l'utérus des vaches et est destiné aux femelles qui ont déjà bouclé leur cycle reproducteur de cinq à sept veaux», explique M.Turin devant l'atelier où il fabrique son stérilet.

5% de viande en plus
La viande bovine, composante principale de l'alimentation des Argentins, accuse une baisse régulière de production, en partie due au fait que 20% des 5 millions de vaches abattues chaque années portent un foetus.

«Il est nécessaire que les femelles arrivent à vide parce que le foetus absorbe les nutriments et la mère maigrit. Avec le DIUB, nous estimons que nous pourrons produire 5% de viande en plus par animal», assure le vétérinaire de 47 ans qui se trouve à la tête d'une entreprise de deux employés.

Le programme gouvernemental prévoit la distribution de 220.000 DIUB cette année, et autant en 2014, à quelque 20.000 éleveurs détenant moins de 200 têtes de bétail, explique le sous-secrétaire d'Etat chargé de l'élevage bovin, Alejandro Lotti.

Mâles et femelles se cotoyent
«Nous espérons que les producteurs vont considérer cette pratique comme commune parce que c'est important, vu la production bovine extensive de l'Argentine, avec des mâles et des femelles qui se côtoient sur les mêmes prés», poursuit M. Lotti.

Avec ses 2,8 millions de km² (cinq fois la France), l'Argentine pratique l'élevage extensif dans la pampa, zone d'intense exploitation agricole et d'élevage de 650.000 km² d'herbe autour de Buenos Aires.


Quelque 2,5 millions de DIUB ont déjà été exportés au Brésil, au Paraguay, en Uruguay, en Bolivie, mais aussi en Espagne. Pour conquérir le marché européen, M.Turin a obtenu le brevet international PCT.

Le DIUB séduit aussi de nombreux universitaires et chercheurs, en quête d'alternative à la castration physique ou chimique. Ils sont aussi séduits par la fin du sacrifice de milliers de foetus. «C'est révolutionnaire, parce que ça fait longtemps qu'on cherche quelque chose de semblable. Ce n'est pas sanglant... Et nous à la faculté obstétrique, on travaille depuis longtemps sur une solution comme le DIUB, pratiquement inoffensive», explique le docteur Marco Franco, professeur d'éthologie à l'Université du Salvador et conseiller pour l'Association de Défense des Animaux en Argentine.

Baisses historiques 
L'Argentine a connu deux périodes de baisse historique de son cheptel national qui s'élève aujourd'hui 58 millions de bovins. Entre 1994 et 1999, celui-ci avait diminué de 53 à 49 millions, en raison notamment du boom de la culture du soja et de la parité du peso argentin avec le dollar. Puis, l'effet conjugué de la sécheresse et de nouvelles politiques agricoles gouvernementales, entre 2008 et 2009, avaient provoqué la perte de 3 à 4 millions de têtes supplémentaires.

Contrôler la gestation des bovins apparaît comme une solution miracle en Argentine où, en moins de dix ans, 12 à 14 millions d'hectares de prairies ont été remplacés par des cultures de soja, devenu la principale source de devises du pays.

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