La ville tunisienne de Ben Guerdane assaillie par des islamistes: 53 morts
Les images des télévisions tunisiennes ne laissent aucun doute. Ben Guerdane est une ville assiégée, livrée aux forces gouvernementales et aux islamistes armés. La population est priée de rester chez elle toute la journée du 7 mars. Selon le communiqué du ministère de l’Intérieur, 45 personnes ont trouvé la mort : 35 assaillants, 11 membres des forces de sécurité et 7civils. Les autorités ont imposé dans la ville un couvre-feu nocturne de 19h00 à 05h00 locales.
«Ils sont encore là, je ne peux rien dire», témoigne un habitant à Géopolis, avant de raccrocher brutalement. A midi, le centre de Ben Guerdane, ville de 60.000 habitants à une trentaine de kilomètres de la frontière libyenne, était le théâtre de fusillades nourries.
Tout a commencé ce lundi 7 mars 2016 à l’aube. Des islamistes armés investissent la ville. «J'ai vu un grand nombre d'activistes à l'aube, qui couraient avec leurs kalachnikovs. Ils disaient qu'ils étaient de l'Etat islamique (EI) et qu'ils venaient attaquer l'armée et la police», a dit à Reuters un habitant, joint par téléphone.
#Tunisie #BenGuerdane des habitants de la ville saluent des forces sécuritaires pic.twitter.com/Zw6Cct0OKg
— JournalGrandMaghreb (@GMJournalFr) March 7, 2016
Selon diverses sources, l’infiltration de la ville a commencé il y a quelques jours. Des islamistes entraînés en Libye auraient franchi clandestinement la frontière pour se regrouper autour de la ville. Le 2 mars 2016, les forces tunisiennes ont intercepté un convoi de voitures utilitaires qui avaient franchi clandestinement la frontière. Ainsi, l’infiltration aurait débuté à ce moment-là. Les islamistes armés se seraient réfugiés, selon El Watan, dans une maison au village de Saïdia, à 15 kilomètres de Ben Guerdane. Cinq terroristes ont été tués lors de l’opération.
La région de Ben Guerdane, très pauvre, est devenue un lieu de tous les trafics. Plus de 3.000 Tunisiens sont partis combattre dans les rangs du groupe Etat islamique (Daech) et au sein d'autres organisations djihadistes en Syrie et en Irak. Les responsables des services de sécurité tunisiens parlent de plus en plus de retours de ces djihadistes, qui rejoignent des groupes islamistes en Libye et franchissent clandestinement la frontière tunisienne. Craignant que le conflit libyen ne déborde sur son territoire, la Tunisie a creusé une tranchée le long de sa frontière. Cela ne semble pas arrêter les terroristes.
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