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"Une bataille est perdue, mais pas la guerre", estime le groupe tchadien attaqué par les Mirage français

Le groupe armé tchadien Union des forces de la résistance (UFR) avait été visé par des frappes aériennes françaises, début février 2019 dans le nord-est du Tchad. Plusieurs dizaines de ses combattants, au moins, avaient été capturés.

Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
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Un Mirage 2000 de l'armée de l'air française décolle d'une base à N'Djamena le 22 décembre 2018 (LUDOVIC MARIN / AFP)

"Une bataille est perdue, mais pas la guerre", a déclaré à l'AFP Youssouf Hamid, porte-parole de l'Union des forces de la résistance (UFR). "On ne savait pas que la France interviendrait. Normalement, ils font du renseignement, ça on le sait. On ne s'attendait pas à des frappes", a déclaré M. Hamid. "Il n'y a pas eu un seul combat entre (les combattants de l'UFR) et l'armée tchadienne. C'est la France qui a combattu, pas les Tchadiens", a-t-il ajouté.

L'UFR est le groupe armé à l'origine d'une tentative de prise du pouvoir en 2008 stoppée in extremis aux portes du palais présidentiel de N'Djamena grâce à l'appui de l'allié français. Dirigé par Timan Erdimi, neveu du président Idriss Déby Itno, le groupe comptait sur des défections au sein de l'armée pour grossir ses rangs.

Depuis son arrivée au pouvoir en 1990 avec l'aide de Paris, Idriss Déby, qui avait renversé Hissène Habré, a toujours pu compter sur son allié français. La dernière opération a donc eu lieu entre le 3 et le 6 février lorsque des "Mirage 2000 des forces armées françaises sont intervenus (dans le) nord-est du Tchad, en coordination avec l’armée tchadienne, de façon à contrer l’incursion d’une colonne armée en territoire tchadien", selon Paris.

Le gouvernement français a justifié cette opération en expliquant qu'il a été "décidé de faire intervenir nos forces armées au Tchad (…) en réponse à la demande d’assistance (du) président de la République du Tchad, Idriss Déby Itno". Les présidents des assemblées ont été informés, conformément à l’article 35 de la Constitution de la Ve République.

Opération militaire des hommes de Haftar dans le sud libyen

La colonne attaquée pouvait venir de Libye, ce que tente de démentir l'UFR, où la France semble active. "Il semble que la descente, ces jours-ci, des colonnes de l’UFR vers le centre et l’est du Tchad ait un lien, à nouveau, avec une importante opération militaire menée dans le sud libyen depuis la mi-janvier par (le) général Haftar pour rétablir son contrôle sur des installations pétrolières. L’homme fort de l’est libyen, qui est notamment appuyé par la France, prétend 'purger la région (du sud libyen) des groupes terroristes et criminels' ", estime le journaliste Philippe Leymarie dans Le Monde Diplomatique.

"Le Tchad est le pays d’Afrique qui a connu le plus grand nombre d’interventions militaires depuis l’indépendance. Les formes et les justifications de la présence militaire française ont certes changé. Dans les années 60 et 70, les Français menaient une véritable guerre contre-insurrectionnelle contre les troupes du Front de libération nationale du Tchad (Frolinat). (...) En dépit des changements de contexte historique, il y a une constante : le soutien aux régimes en place au nom de la nécessaire 'stabilité' du pays et la construction de cet espace en verrou stratégique", analyse Marielle Debos, maître de conférences en science politique à l’Université Paris Nanterre.

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