Des ratés dans l’accord de paix au Soudan du Sud
Riek Machar, le chef des rebelles du Soudan du Sud, craint pour sa sécurité. Il entend reculer de six mois son retour dans la capitale Juba. Un délai qui repousse d'autant la mise en œuvre du difficile accord de paix.
Le 31 octobre 2018, les deux ennemis jurés, le président sud-soudanais Salva Kiir et le rebelle Riek Machar se retrouvaient à Juba, la capitale du Soudan du Sud. D’une virile poignée de main, ils marquaient la signature d’un accord de paix survenu quelques semaines plus tôt.
Il fixe le partage du pouvoir entre les différentes factions qui se déchirent dans le pays. Quatre vice-présidents devraient diriger le pays à compter du 12 mai 2019. Un gouvernement d’union nationale soutenu par le pape et l’archevêque de Canterbury, Justin Welby, chef de l’église anglicane.
Le conflit au Soudan du Sud a démarré peu de temps après l’indépendance du pays en 2011. En décembre 2013, Salva Kiir accuse son ancien vice-président Riek Machar de fomenter un coup d’Etat. Plus de cinq ans de conflit suivent, qui provoquent la mort de 380 000 personnes. Quatre millions d’habitants sont déplacés.
Accords de paix fragiles
Depuis, accords de paix et cessez-le-feu se sont succédés sans succès. Et beaucoup d’observateurs s’interrogent sur les chances du dernier accord en date. Les développements ultérieurs sont pour le moins inquiétants. Le chef de l'opposition au Soudan du Sud, Riek Machar, demande un report de six mois pour la formation d'un gouvernement d'unité, car il estime que les conditions de sécurité ne permettent pas son retour à Juba pour y participer.
Selon le représentant du groupe rebelle dirigé par Machar, ce dernier "ne viendra pas à Juba sans accord sécuritaire". En fait, explique l’AFP, la création d’une armée unifiée d’un côté et la sécurité de la capitale de l’autre, sont toujours à réaliser.
"Des tâches cruciales sont toujours en attente", explique Augostino Njoroge, membre de la Commission de surveillance et d'évaluation de l'accord de paix. Unifier les forces armées rivales "implique un processus de cantonnement et d'entraînement". Les six mois demandés pour installer Riek Machar dans la capitale sud-soudanaise – et par là même valider le gouvernement d’union nationale – semblent bien courts pour un tel chantier.
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