L'ex-président tchadien Hissène Habré quitte pour deux mois sa prison en raison du coronavirus
Condamné pour crimes contre l'humanité, l'ex-président tchadien était détenu dans une prison de Dakar au Sénégal.
Le Sénégal a autorisé l'ex-président tchadien Hissène Habré à quitter pendant deux mois la prison de Dakar, où il est détenu pour crimes contre l'humanité. Dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, le centre pénitentiaire doit permettre la mise en quarantaine des nouveaux prévenus.
Condamné pour crimes contre l'humanité
Hissène Habré, 78 ans, qui a dirigé le Tchad de 1982 à 1990, a été condamné fin mai 2016 à la prison à vie à l'issue d'un procès sans précédent à Dakar, après avoir été déclaré coupable de crimes contre l'humanité, viols, exécutions, esclavage et enlèvement. Une commission d'enquête tchadienne a chiffré à 40 000 morts le nombre des victimes de la répression sous le régime Habré.
Renversé en 1990, l'ex-président tchadien avait trouvé refuge au Sénégal, où il a été finalement jugé sous la pression internationale. Hissène Habré avait été arrêté en 2013 et inculpé par un tribunal spécial instauré en coopération avec l'Union africaine.
Depuis sa condamnation, il purge sa peine dans un établissement pénitentiaire de la capitale sénégalaise.
"Particulièrement vulnérable"
Avec la pandémie de coronavirus, l'avocat d'Hissène Habré a formulé fin mars une demande de permission de 60 jours en avançant que son client était "particulièrement vulnérable" à une contamination en milieu carcéral du fait de son âge.
Pour le juge, la sortie temporaire de l'ex-président tchadien "augmenterait automatiquement la capacité d'hébergement de la prison", dans le cadre de la lutte contre le Coronavirus. Le centre pénitentiaire a été choisi par les autorités sénégalaises pour "recevoir toutes les personnes nouvellement placées sous mandat de dépôt".
Conformément à son autorisation de sortie, Hissène Habré devra rester dans sa résidence de Ouakam, un quartier résidentiel de Dakar pendant les deux mois avant de réintéger la prison.
"Refus d'indemniser ses victimes"
Avant l'annonce de cette libération temporaire, l'Association des victimes des crimes du régime de Hissène Habré avait estimé que "la crise sanitaire ne doit pas servir d'excuse à la libération anticipée de Hissène Habré".
"Depuis sa condamnation, ses soutiens réclament sa libération pour des motifs fallacieux, comme de fausses rumeurs de maladie. La pandémie du Covid-19 a entraîné de nouveaux appels pour sa libération", relevait l'association des victimes en rappelant que l'ex-président "continue de refuser d'indemniser ses victimes" qui, pour la plupart, vivent elles dans la précarité et sans accès aux soins médicaux.
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