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Ghana : grogne sociale à tous les étages

Les jeunes exigent du président ghanéen Nana Akufo-Addo qu'il "répare leur pays", frappé par une crise économique aggravée par la pandémie liée au Covid-19.

Article rédigé par franceinfo Afrique avec AFP
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Publié Mis à jour
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Des manifestants chantent pendant la manifestation #FixTheCountry à Accra, au Ghana, le 4 août 2021. La manifestation a été organisée pour demander au gouvernement de rendre des comptes, d'assurer une bonne gouvernance et d'améliorer les conditions de vie. (NIPAH DENNIS / AFP)

Les Ghanéens font la chasse au gaspillage des deniers publics tout en réclamant une amélioration de leurs conditions de vie. Ces dernières semaines, le pays est en proie à une grogne sociale multiforme qui s'est trouvé un slogan : #FixTheCountry (Réparer le pays). Depuis plusieurs mois, le hashtag est porté par les jeunes sur Twitter pour dénoncer les difficultés économiques auxquelles ils font face depuis le début de la pandémie du Covid-19.

Les dépenses publiques scrutées

Le projet de construction d’une cathédrale, dont le coût est estimé à plus de 170 millions d'euros, ou encore les conclusions de l’enquête parlementaire (lien en anglais) sur le récent scandale lié à une commande de 3,4 millions de doses du vaccin russe Spoutnik V, partiellement livrée mais déjà réglée, n'ont pas contribué à adoucir l’humeur des Ghanéens. Le ministère de la Santé a signé un contrat en faisant appel à un intermédiaire qui leur facturait la dose à 19 dollars au lieu de 10 dollars, le prix du fabricant. Un remboursement a été depuis exigé par le Ghana et une entreprise des Emirats arabes unis, proche de la famille royale selon la BBC, s'est engagée à verser 2 millions de dollars.

Dans un tout autre registre, la première dame Rebecca Akufo-Addo a renoncé à la mi-juillet au salaire qui venait de lui être alloué par les députés ghanéens. Dans un communiqué cité par BBC Afrique, elle a même "décidé de rembourser toutes les sommes qui lui avaient été versées à titre d'indemnités", soit 899 097,84 cedis ghanéens (129 000 euros). Sa décision, précisait le texte, aurait été motivée par "l'opinion extrêmement négative, dans certains cas, qu'elle trouve déplaisante, cherchant à la présenter comme une femme vénale, égoïste et égocentrique qui ne se soucie pas du sort des ghanéen ordinaires". Le vote du parlement prévoyait de verser "environ 3 500 $ (plus de 2 900 euros) par mois" à la première dame et à l'épouse du vice-président qui, au demeurant, percevaient déjà des indemnités.

"Réparer le pays"

Le 4 août dernier, plusieurs manifestants sont de nouveau descendus dans les rues d'Accra, la capitale du Ghana, pour protester contre l'action gouvernementale. Début juillet, une marche similaire avait été déjà  organisée, soutenue par le principal parti d'opposition au Ghana, le National Democratic Congress (NDC). Habillés en rouge et noir, les manifestants ont défilé dans le calme dans le centre de la capitale en entonnant des chants patriotiques. Ils ont brandi des pancartes sur lesquelles était inscrit "la corruption engendre la pauvreté" ou encore "Réparez notre système éducatif maintenant"

Cette manifestation est la seconde d'envergure organisée dans le pays, depuis que la Cour suprême a rejeté en mars 2021 le recours du candidat du NDC, John Mahama, qui contestait les résultats de l'élection présidentielle remportée en décembre 2020 par le président sortant Nana Akufo-Addo. Face au poids croissant de la dette publique et aux retombées de l'épidémie de coronavirus, le gouvernement a imposé de nouveaux impôts qui, conjugués à la hausse des prix du carburant, ont provoqué le mécontentement de nombreux Ghanéens.

Depuis le 2 août, les professeurs d'université, menés par leur syndicat (University Teachers Association of Ghana), ont entamé une grève illimitée. Ils réclament, entre autres, un salaire minimal. Certains agriculteurs se plaignent, quant à eux, de ne pas avoir accès aux engrais subventionnés par l'Etat, ce qui mettrait déjà en péril les récoltes de l'année prochaine.

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